Désinformation, Histoire, Actualité

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Introduction

Ce site a pour objet la désinformation, ses méthodes, ses applications. Initialement arme de guerre consistant littéralement à fournir de fausses informations aux armées ennemies, la désinformation s'est étendue aux populations civiles afin de déstabiliser leurs propres Etats en guerre.

De l'action sur les armées à l'action sur les populations

   Le rôle de l'opinion publique dans les conflits tant guerriers qu'économiques n'est plus à démontrer depuis la guerre du Vietnam et ses mobilisations pacifistes tant aux USA que dans le reste du monde, parfois instrumentalisées par le camp adverse, parfois non.
Un pays peut même gagner une guerre militairement et la perdre politiquement. La guerre d'Algérie en est un exemple, et l'actuel conflit Israélo-Palestinien montre que le poids de l'opinion mondiale empêche Israël de gagner la paix après avoir gagné la guerre. En revanche, les Albanais du Kosovo ont gagné essentiellement par actions sur l'opinion mondiale une guerre déclenchée en leur faveur par d'autres Etats. Sans aller jusqu'aux situations de guerre, dont Clausewitz disait « la guerre est le prolongement de la politique par d'autres moyens », chaque tension, chaque modification du rapport de forces et chaque accord international, sont tributaires de l'opinion publique.

Cette arme de guerre est également devenue moyen de pouvoir, de contrôle des populations au sein des Etats. Dans le cadre de dictatures, les méthodes les plus rudimentaires suffisaient, indiquant simplement la version officielle obligatoire, sans besoin indispensable de la rendre crédible. Il était vivement conseillé aux populations sous dictatures national-socialistes ou communistes de ne pas contredire les versions officielles. Comme le disait Jacques Rossi, ancien communiste devenu victime du goulag, un mensonge formulé par un auteur qui a un solide gourdin à la main sera plus facilement cru.

Le contrôle plus subtil des démocraties

   La chose se complique singulièrement dans des Etats fondant leur légitimité sur la démocratie. Convaincre devient indispensable et la chose est complexe. La liberté d'expression et de circulation de l'information, pour des populations instruites, peut menacer aisément stabilité et pouvoir, mais ne peut être ouvertement interdite.
Les méthodes de contrôle se feront plus subtiles, malgré quelques dérapages grossiers, et emprunteront tant aux sciences humaines qu'au développement publicitaire. Mieux, ne pouvant contrôler l'ensemble des émetteurs, il sera préféré le contrôle sur les récepteurs : ainsi la préparation des populations à recevoir telle information et non telle autre, à créer en chacun un filtre propice à interpréter et analyser dans le sens souhaité.

Une aliénation suffisante permet de ne fonctionner que par réflexe à des signaux reçus. La pensée est alors automatisée, et les informations, selon le signal qui les accompagne, sont immédiatement interprétées par le sujet qui les reçoit. L'inflation des informations circulant rend le contrôle plus ardu : il faudra donc renforcer les positions des médias souhaités (matraquage) et rendre négligeables les informations non souhaitées (silence, demi-silence, discrédit sur les sources). Les campagnes de presse, et l'homogénéité des Unes médiatiques traduisent cette véritable stratégie.

Si en outre chaque sujet a intégré la machine de cryptage par un travail important de dressage, les informations fournies n'auront plus besoin d'un cryptage important : de simples signaux suffiront, images, langage approprié, pour déclencher selon le cas souhaité, soutien, désapprobation, indignation, émotion. Ainsi le mensonge ouvert et les fausses informations ne seront plus les armes essentielles de la désinformation. Le contrôle de la pensée et le traitement de l'information lui seront préférés.

Traitement de l'information et traitement de la pensée

  La chose est bien plus grave : des informations fausses peuvent un jour être démenties (même si le mal est fait), tandis qu'une déstructuration de la pensée par des mécanismes puissants d'aliénation reste ancrée dans les cerveaux. Même la révélation de la falsification d'information pour créer une opinion ne suffira à modifier l'opinion une fois établie.
Ainsi le Livre noir du communisme révélant cent millions de mots niés depuis des années ne sera pas suivi d'une remise en cause du marxisme, ni même du PCF qui en fut longtemps l'outil de légitimation. Robert Hue préféra délaisser « cette comptabilité macabre » et s'abriter derrière le fait qu' « à la différence du nazisme, les intentions étaient bonnes ».
La divulgation des falsifications des images d'Al Dura fera dire à un propalestinien ayant convenu de la désinformation grossière : « oui, mais cela ne change rien, car si ce n'est vrai là, c'est vrai dans bien d'autres cas, et les soldats israéliens auraient tout à fait pu tuer cet enfant ».
La reconnaissance, par l'Otan de l'invention du plan fer à cheval au Kosovo, de" l'erreur" d'attribution aux Serbes du bombardement du marché de Markale et par une partie de la presse du montage photo d'un Bosniaque décharné derrière des barbelés, ne permirent en rien une reconsidération des analyses du conflit : les bons et les méchants étaient classés en nazis et victimes, la messe était dite. On ne reviendrait pas dessus.

Les faits importaient peu : ils ne servaient qu'à construire une pensée, puis un système de pensée, c'est-à-dire une idéologie. La remise en cause des faits ne pouvait suffire à remettre en cause l'idéologie. Démasquer les atteintes à l'œil et à l'oreille, comme le font bien des gens révélant des cas de désinformation, ne peut suffire à atteindre l'organe cible : le cerveau et la structuration de la pensée. En cela notre site tentera de déborder le cadre de la seule désinformation et de s'étendre au conditionnement et aux idéologies.
Nous verrons dans les pages à venir l'importance de l'enseignement de l'Histoire, et de l'enseignement en général dans ce travail de conditionnement. Les faits sont considérés comme de simples exemples utiles à conforter l'opinion à forger. En cela leur apprentissage ne sera pas privilégié, et les connaissances presque méprisées (le « par cœur » considéré comme incapable de penser) au profit de « débats, recherches et opinions » où l'élève est censé « construire son savoir », c'est-à-dire se persuader que ce qu'on lui enseigne comme façon de penser vient de lui.

Nous nous attacherons donc à étudier non seulement les exemples flagrants de désinformation, la diffusion de fausses informations, la rétention ou la minimisation d'autres pourtant réelles, mais aussi les méthodes utilisées pour le traitement de ces informations par des procédés plus subtils. Les théories et méthodes de désinformation seront étudiées, en relation avec les idéologies et les stratégies qui les ont créées et les utilisent.

Enfin une attention toute particulière sera portée à la structuration de la pensée par l'enseignement et les médias, le vocabulaire et l'Histoire : la désinformation n'est en effet qu'un des outils de l'aliénation et du conditionnement, pas le centre de commandes.

OP

 

AVIS : Notre site accueillera avec joie les historiens, chercheurs, journalistes, analystes et observateurs des médias, pour des articles, travaux et dossiers. Un développement vers une version en anglais est prévu, et la vente en ligne de documents, ouvrages, CD-roms également.