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DOSSIERS - KOSOVO

6  Le mystère du camp de Blace (1)


1er épisode : 40 000 disparus d'un camp
Le 7 avril, aux informations de 13 heures d'Europe 1, à l'énoncé des titres, on apprend que les autorités macédoniennes ont évacué en une nuit le camps de réfugiés de Blace, près de la frontière du Kosovo, mais pire, le HCR n'a aucune information sur la disparition de 40 000 réfugiés qui hier étaient entassés dans la cuvette.
Quelques minutes plus tard, le correspondant de la station en Macédoine parle de 10 000 réfugiés plus ou moins disparus.
Europe 1 à 22h30 annonce "le HCR pense que les réfugiés, dont on était sans nouvelles, ont été probablement envoyés en Albanie."
Ces "informations" sortent au moment où la presse indique déjà que "le secrétaire général des Nations-Unies accuse les Serbes de commettre un génocide au Kosovo".

2e épisode
Le lendemain matin, sur France-Info, journal du matin, le 08/04/1999 "entre 7 et 8000 réfugiés se trouveraient maintenant en Albanie, 25 000 ont été transportés dans des villages de tentes installés par l'OTAN en Macédoine. En revanche, le HCR ne parvient toujours pas à déterminer ce que sont devenus plusieurs dizaines de milliers de kosovars qui se trouvaient aussi dans les camps"
RTL "Les autorités macédoniennes ignorent ce que sont devenues 10 000 personnes qui étaient dans le sinistre camp de Blace"

3e épisode
le 9 avril, les rumeurs sont encore plus sombres. Elles proviennent toujours et encore du HCR.. "Depuis la fermeture des frontières yougoslaves aux principaux postes frontières avec la Macédoine, le sort de dizaine de milliers de réfugiés kosovars reste un mystère. le haut commissariat des nations unies pour les réfugiés, Sadako Ogata, n'exclut pas qu'ils soient utilisés comme boucliers humains" France-Info, le 09/04/1999

Dernier épisode
Le dénouement a lieu le 10 avril. Dans son flash de 17h30, le journaliste annonce sobrement : "Quant aux réfugiés de Blace dont on était sans nouvelles, le HCR a indiqué qu'ils avaient été transférés dans d'autres camps en Macédoine ou en Albanie" .

(1) Bombes et bobards, David Mathieu, éditions l'Age d'Homme, 2000


Résultat de la désinformation
Pendant trois jours, des millions de Français ont entendu parler de génocide, et la disparition de 40 000 personnes a été signalée sur les radios.
Un flash passé inaperçu vient, sans l'ombre d'une excuse, indiquer que tout était faux. Qu'importe la rumeur a couru, et court toujours dans la plupart des esprits. Même l'information de base démentie, l'image créée restera la même, ancrée solidement et définitivement: "les Serbes font des camps de concentration, les Serbes exterminent".
Cette désinformation de Blace accompagnée d'innombrables autres, parfois démenties (discrètement) après, parfois même pas, aura contribué à forger une vision définitive. Jouant sur l'affectif, l'horreur, l'émotion, on a éliminé les circuits du raisonnement. Ainsi le raisonnement sera impuissant à contrer le mécanisme créé dans les esprits.
Le processus de conditionnement est installé : le chien de Pavlov salive quand la sonnerie annonçant sa gamelle retentit. Après plusieurs répétitions pour instaurer le dressage et l'association, l'automatisme est créé. Le chien salivera même quand la sonnerie n'est pas accompagnée de la gamelle.

L'image des camps, déjà bien préparée par les campagnes médiatiques antérieures en Bosnie contre les Serbes, obtiendra le même résultat que la sonnerie de Pavlov. Chaque évocation, vraie ou fausse, fera intervenir les mêmes réactions émotionnelles construites par ce dressage.
Même après retrait de l'image (ici de l'information de Blace), l'automatisme créé restera : "Serbes=camps de concentration et extermination", comme pour le chien "sonnerie=gamelle".
La seule différence réside peut-être dans le fait que l'expérience de Pavlov ne débouche que sur une salive non justifiée, celle des médias sur le Kosovo a débouché sur des bombardements de population, suivis d'une épuration des Serbes menée par les Albanais, l'OTAN, et les médias.

 


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