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DOSSIERS - KOSOVO

3 L'exode, causes, dates, chiffres

Les bombardements de l'OTAN commencent dans la nuit du 23 au 24 mars 1999. « Un génocide, une épuration ethnique » étaient en cours, annoncent l'OTAN et les médias.
200 000 Albanais auraient été expulsés du Kosovo par les forces serbes, et d'autres auraient été massacrés, par dizaine de milliers indiquent les médias.
Puis, ce seraient 800 000 qui seraient annoncés avoir quitté le Kosovo après les bombardements. On peut s'étonner de cette attente serbe : pourquoi auraient-ils attendu les bombardements pour expulser la totalité ? A moins que cet exode ne soit la conséquence directe des bombardements de l'OTAN, et non l'application de ce « plan fer à cheval » ?
Le 8 avril le « plan fer à cheval «  est « dévoilé », couvrant ainsi l'OTAN.

Etrangement, les chiffres vont se modifier :
Paul Watson, envoyé spécial du Los Angeles Times, interviewé le 13 avril par la chaîne canadienne CBC :«Hier, j'ai visité les quartiers albanais de Pristina. Je n'ai vu aucun corps. Il est très difficile de cacher un grand massacre anarchique de gens. Pourquoi les réfugiés fuient-ils ? Pour deux raisons, mélangées. L'action des troupes serbes et les bombardements de l'Otan. J'ai parlé personnellement à des gens à qui la police avait ordonné de quitter leurs maisons. J'ai aussi parlé à des gens terrifiés, tout simplement. Par exemple, beaucoup de gens ont quitté la zone de l'aéroport après un bombardement de l'Otan.» Sans oublier les combats déclenchés par l'UCK en utilisant les villageois comme boucliers humains. Et nous ne parlons pas des combats de l'UCK qui utilise souvent les villageois comme bouclier humain, ni des histoires d'horreur colportées par les radios de l'UCK. » « Autre débat escamoté par les médias, le massacre des Kosovars serait antérieur aux frappes aériennes. « Ces atrocités (.) auraient eu lieu, commente l'ineffable Bernard Henri Lévy, avec ou sans intervention alliée. » Seul hic, un rapport tout à fait officiel de décembre 1999 de l'OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) note qu'après le début des frappes « le modèle changea et inclut des zones qui avaient été auparavant tranquilles ». Mais, à la décharge de BHL, plusieurs journaux, dont « Le Monde », n'ont pas publié cette partie fort instructive du rapport. » Nicolas Beau - Le Canard enchaîné, 21/06/00 [LIEN]

Henri Maler pose clairement la question de cette incohérence : "Pour Le Monde la réponse une fois encore dissimule la question : puisque l'épuration ethnique avait d'emblée, avant même l'intervention de l'OTAN, pour objectif de chasser les albanophones du Kosovo, le rôle des bombardements est une question subalterne. Selon l'éditorial du 30 mars - L'arme de Milosevic - l'épuration ethnique est " à l'oeuvre au Kosovo depuis au moins un an. Elle a connu l'un de ses moments les plus cruels en septembre-octobre 1998. C'est parce que les forces serbes avaient déjà chassé plus de 200 000 Kosovars de chez eux qu'Américains et Européens ont tenté une solution négociée avant de se résoudre à bombarder. Cette précision n'épuise pas le débat sur l'opportunité des frappes, mais elle en fait, hélas, partie.". L'éditorial du 3 avril 1999 affirme encore : " Les critiques formulées à l'égard des frappes de l'OTAN ne sauraient faire oublier cette réalité-là : la mise en oeuvre de la dernière phase d'une épuration ethnique, commencée durant l'été 1998 et ayant alors déjà conduit sur les routes de l'exode - sans bombardements de l'OTAN ! - 200 000 Kosovars".Soit. Mais comment se fait-il que la mise en ouvre systématique de cette " dernière phase " ait attendue les bombardements ? Faute d'avoir clairement posé la question, les explications du Monde sont pour le moins fluctuantes. »(.)
« Dans le même éditorial (l'éditorial du 30 mars - L'arme de Milosevic), elle tiennent en deux phrases désaccordées. Première phrase : l'épuration ethnique " serait dans une phase exacerbée, déclenchée par les forces serbes en représailles aux bombardements de l'OTAN" . Deuxième phrase : " L'intervention de l'OTAN a donc accéléré une épuration ethnique qui est cependant à l'oeuvre au Kosovo depuis au moins un an.". Que comprendre ? Que l'intervention de l'OTAN a accéléré la mise en ouvre d'un projet criminel en provoquant de simples représailles ? Pourquoi ne pas dire que la guerre de l'OTAN a favorisé la guerre de Milosevic ? Pourquoi ne pas dire clairement que la guerre de Milosevic visait pas à tirer parti des bombardements pour accomplir jusqu'à son terme - guerre criminelle contre guerre criminelle, en dépit de l'asymétrie des objectifs proclamés - la destruction d'un peuple. Une fois encore : pourquoi la nouvelle la " nouvelle phase " a-t-elle été déclenchée à l'occasion des bombardements ? Pourquoi ? Question éludée qui reste évidemment sans réponse.
Reste le constat sur le résultat des bombardements, qui se précise dans l'éditorial du 31 mars - Le pari Primakov -: " les frappes de l'OTAN sur le Kosovo n'ont pour l'instant conduit qu'à aggraver un drame humanitaire au centre de l'Europe". Ainsi les bombardements de l'OTAN ont " aggravé " ce qu'elles prétendaient empêcher. »
« La presse en guerre : Les éditoriaux du Monde » Henri Maler [LIEN]

 Tout le Kosovo saigne, même les zones à peuplement albanais où il n'y a jamais eu de guérilla et que les avions de l'Alliance n'ont pas bombardées. C'est bien la preuve que «les réfugiés ne fuient pas les raids aériens de l'Otan, comme l'affirment souvent les autorités yougoslaves», note le haut-commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, l'Irlandaise Mary Robinson. »

L'Express du 10/06/1999- Que faire de Milosevic? -Le dossier de ses crimes- par Jean-Michel Demetz
« Ce n'est pas certain car la fermeture des frontières, jeudi 8, prend en otage des kosovars et laisse prévoir qu'on les utilisera comme
"boucliers humains" ce qui pose la question militaire sérieuse du combat terrestre. »
http://www.lexpress.fr/info/monde/dossier/tpi/dossier.asp?ida=418643

Alain JOXE Directeur d'Etudes à l'EHESS CIRPES : l'OTAN en l'air, l'Europe au pied du mur (17 avril 1999 - le Monde)
http://www.ehess.fr/cirpes/publi/ajlm0499.html

Le HCR donne les chiffres suivants sur les Albanais du Kosovo
Au 14 juin 1999, dans le cadre du programme d'évacuation humanitaire, 84 450 Kosovars ont été évacués (pour des propositions initiales de 40 pays d'accueillir 137 000 personnes):
Allemagne 14 372, Turquie 8 013, Etats Unis 6 420, Norvège 6 070, Italie 5 829, France 5 614, Canada 5 206, Autriche 5 080, Pays Bas 4 067, Royaume Uni 3 756.
Le 10 juin, 444 200 Kosovars étaient arrivées en Albanie, 247 000 en Macédoine, 69 700 au Monténégro et 21 700 en Bosnie.
Le HCR indiquait que le chiffre de 60 000 personnes arrivées en Serbie, communiqué par le gouvernement de la République fédérale de Yougoslavie, n'était pas confirmé.


Pourtant, un éventuel lien entre les bombardements et l'exode massif est écarté d'emblée et rejeté avec indignation :

« Au Kosovo en dehors de tous témoins occidentaux, la population craint davantage les Serbes que les bombes de l'OTAN » France 2, le 26 mars 1999

« N'oublions pas que l'OTAN n'a pas déclenché ce flux, il y en avait bien avant, des réfugiés, puis surtout, que l'opération n'est pas terminée, et que nous ne luttons pas contre le peuple serbe mais contre M. Milosevic, et il y aura un jour la possibilité de vivre en paix au Kosovo, j'en suis sûr » Bernard Kouchner, Europe 1, le 01/04/1999

« Qu'est-ce que vous dites à ceux qui disent que les bombardements ont précipité l'exode des Kosovars ? »
« - C'est une plaisanterie » Alain Lamassoure, interviewé par Karl Zéro, Europe 1, le 13/04/1999

« Dire que les bombardements ont accéléré les déportations est une infamie, et c'est inexact » BHL, Europe 1, le 14/04/1999

«  C'est la propagande de Milosevic qui dit ça » Patrick Devedjan, Europe 1, le 20/04/1999

« Ceux qui, aujourd'hui, prétendent que les frappes de l'OTAN sont responsables de la catastrophe sont soit des salauds négationnistes, soit des ahuris qui ont passé dix ans sous cloche, en hibernation » Gérard Biard, Charlie-Hebdo, le 28/04/1999

(Extraits de Bombes et bobards, David Matthieu, éditions l'Age d'Homme)

 

TEMOIGNAGES AU TPI DE LA HAYE - http://www.b-i-infos.com/tpi.php
2 mars 2005
Le premier témoin de la journée a été Mirko Babic , un Macédonien technicien médical qui a directement traité des réfugiés albanais dans les camps de réfugiés en Macédoine. Il a été tous les jours dans les camps pendant le bombardement de la Yougoslavie par l'OTAN.
Comme témoin de première main, il n'a pas vu un seul Albanais battu ou tué par les forces de sécurité serbes. Selon son témoignage, les affections les plus courantes étaient des atteintes respiratoires, des rhumes, des angines, des bronchites, etc. Aucun Albanais n'a montré des traces de mauvais traitements physiques.
Babic a affirmé que les Albanais disaient au début qu'ils avaient fui le Kosovo pour échapper au bombardement de l'OTAN, mais qu'il ont par la suite changé leurs récits et commencé à dire que les Serbes les avaient expulsés et violemment maltraités. Il a même cité un vieil Albanais qui lui avait dit que c'était l'UCK qui l'avait chassé du Kosovo.
Comme les deux précédents témoins macédoniens, Babic a été témoin du comportement des médias occidentaux à l'égard des réfugiés. Il a vu un groupe de réfugiés voler un brancard dans les équipements médicaux. Il les a vus y étendre un homme en parfaite santé pendant qu'une équipe de journalistes occidentaux filmait la scène. Quand l'équipe a terminé, l'homme a sauté du brancard, et toutes les personnes ayant participé à la mise en scène ont souri et se se sont saluées.
Babic a été le témoin de la mise en scène par une équipe de CNN d'un pseudo-exode de réfugiés par dessus une colline. Un groupe important de réfugiés a été rassemblé, et l'équipe de caméramen les a filmés passant une colline boueuse. L'équipe a recruté des vieux et des petits enfants pour faire partie du groupe. Elle a séparé les enfants de leurs parents et les a appariés avec les vieux qu'ils ne connaissaient pas. Le résultat a été que les enfants se sont mis à pleurer. L'équipe de CNN a été jusqu'à dire aux vieux de sortir leurs mouchoirs et de faire semblant de pleurer eux aussi.
Babic a protesté auprès de la police et celle-ci a arrêté la production. Il a identifié CNN et la BBC comme étant les principaux organisateurs de films "arrangés". Il a corroboré les dépositions de précédents témoins et affirmé que les réfugiés albanais maltraitaient les réfugiés roms. Il a dit qu'on avait été obligé de transférer les Roms dans des camps différents pour les sauver des Albanais.
Dans son contre-interrogatoire, M. Nice (le procureur) a essayé de décrire les Macédoniens comme des racistes haïssant les Albanais et les ayant maltraités. Le témoin a défendu son pays et précisé que la Macédoine avait recueilli tous ces réfugiés albanais bien que n'ayant pas les ressources financières pour le faire.
M. Nice a dit que les Albanais n'avaient pas reçu des soins médicaux appropriés dans les camps macédoniens et, pour le prouver, il a fait projeter une émission de CNN qui affirmait que huit Albanais étaient morts dans les camps en une seule journée par manque de soins.
Contre-interrogé par Milosevic, Babic a déclaré qu'un seul Albanais était mort dans les camps pendant toute cette période, et pas par manque de soins. CNN a menti en racontant que huit Albanais étaient morts le même jour.

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