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DOSSIERS - KOSOVO

la caméra a fait son travail, les chars peuvent arriver
KOSOVO : UNE GUERRE DE MEDIAS

La diffusion massive, permanente et mondiale d'images avait été une première dans la guerre du golfe en 1991.
Le martelage sur la IVe armée du monde et sa terrible garde républicaine, l'occultation de l'entretien entre l'ambassade US et Saddam Hussein avant l'invasion irakienne au Koweit, et quelques frasques du bêtisier journalistiques (le cormoran mazouté, et les masques à gaz dans les salles de réaction au milieu de gens qui n'en portaient pas, les couveuses débranchées, etc...) pouvaient être suivies heure par heure dans tout village du monde. Rappelons que la radio France-Infos a été créée à cette occasion.

La désinformation n'est plus un auxiliaire des combats : elle devient LE combat

La gigantesque arme médiatique créée n'en finirait plus de servir et de se perfectionner. Si la désinformation a joué un rôle considérable dans la guerre d'Irak en 1991, elle n'y fut qu'un auxiliaire précieux des combats guerriers. Au Kosovo, la désinformation ne fut pas un auxiliaire des combats, elle fut LE combat.
Les affrontements guerriers entre Serbes et armées de l'OTAN eurent-ils lieu au point de justifier le nom de guerre ?
Rappelons que les forces de l'OTAN sont à l'extérieur du Kosovo et n'y pénètrent, suivis de réfugiés et d'Albanais qu'après capitulation serbe. Des combats eurent lieu entre l'UCK et les Serbes (armée, paramilitaires, population locale) sans toutefois que leur ampleur ne permette de parler de guerre. Le terme guérilla serait plus adapté. Les Serbes sont maîtres du terrain et ce ne sont donc pas les combats qui détermineront l'issue du conflit.

Le 23 mars 1999 les bombardements aériens prennent la relève des bombardements médiatiques.

Les bombardements aériens massifs semblent avoir laissé intacts une grosse partie des moyens militaires serbes, ne détruisant que quelques chars. Qui ont-ils donc touché réellement ? Ces bombardements déclencheront la fuite de réfugiés albanais vers la Macédoine et l'Albanie. Or l'OTAN, relayée sans la moindre vérification par les médias, avait expliqué que les frappes avaient été décidées pour éviter l'épuration ethnique prévue pas le plan « fer à cheval ». La confusion entre cause et effets, les falsifications de dates d'exodes et dates de bombardements, la publication de chiffres imaginaires, vont caractériser l'information. Le reste sera fourni par l'image, les colonnes de réfugiés, les interviews d'une seule partie de population, les témoignages souvent invérifiables et les rumeurs.
Un plan de « purification ethnique », un « génocide »,.bref la solution finale était en route.

 

mitra_camera

Tous en guerre !

L'ancien « devoir d'ingérence » se transforma en « guerre humanitaire ». La presse était en guerre, les intellectuels étaient en guerre, les opinions européennes et américaines étaient en guerre : on pouvait bombarder. Les médias n'étaient plus auxiliaires de l'armée, ils en étaient devenus l'arme privilégiée. Les articles, caméras et communiqués avaient tué bien plus que les bombes et allaient permettre de continuer à le faire pendant des années. La méthode avait été rôdée pendant la guerre de Bosnie, la nazification des Serbes et la victimisation des musulmans bosniaques ayant été confiée à une compagnie américaine de communication. La photo du « déporté » émacié derrière les barbelés d'un camp mis en scène et les images du marché de Markale bombardé par les Bosniaques eux-mêmes pour déclencher l'indignation mondiale et l'intervention armée avaient fait bien plus que le meilleur corps d'armée.
De rares voix divergentes tentèrent de s'exprimer et furent aussitôt nazifiées par un véritable lynchage médiatique. John Pilger indique dans le New Statement, Londres, le 12 juillet 1999 :" Rien en mes 30 ans de reportages de guerre n'est comparable avec l'actuelle propagande déguisée en journalisme"
L'UCK, décrite peu avant comme islamo-maffieuse devenait soudain dans les mêmes journaux le « mouvement de libération nationale », « la résistance ».[LIEN]

pacifistes de l'uck k1 la caméra d'une télévision italienne et le fusil de l'UCK
UCK
UCK - OTAN - USA - FRANCE
UCK - JOURNALISTES

Le plus inquiétant n'est pas dans l'ampleur incroyable de la désinformation, ni dans la transformation des médias en section d'état-major militaire, mais dans le fait que les plus grosses désinformations ont été avouées ensuite sans provoquer le moindre effet.

Beaucoup d'informations sont aujourd'hui accessibles à qui veut chercher, et ne rencontrent que le désintérêt.

Pour parvenir à faire soutenir le bombardement d'un pays au président élu, sans qu'aucune guerre n'ait été déclarée, sans l'accord de l'ONU, il fallait mettre les bouchées doubles. Faire bombarder une capitale où, ironie de l'histoire, Milosevic était minoritaire aux élections et se faire applaudir par des « pacifistes » pour bombarder des jeunes civils faisant une chaîne humaine sur les ponts était un pari insensé sans une désinformation inouïe. Faire applaudir par des écologistes des bombardements d'usines chimiques provoquant une catastrophe écologique touchant les pays voisins était une prouesse. Faire trépigner des « antimilitaristes » pour exiger une offensive terrestre, faire applaudir l'exode des civils serbes après la « victoire de l'OTAN » par des « antiracistes contre la purification ethnique », faire soutenir la guerre à d'anciens socialistes autogestionnaires contre l'ex-pays modèle et son dirigeant communiste était inespéré des meilleurs spécialiste en désinformation.

Ils venaient d'inventer la «  guerre humanitaire  », celle qui passe par la guerre médiatique avant tout.

obus de la guerre humanitaire pour détruire le plan fer à cheval

militaires journalistes, ou le contraire

Le silence total sur le Kosovo aujourd'hui de tous les acteurs connus de cette désinformation traduit-il une gêne ou simplement la satisfaction d'un travail bien fait ?
Quelle que soit la grille d'étude de la désinformation utilisée, tous les critères en sont remplis : nous allons les examiner avec attention. Les possibilités de s'informer sur la situation actuelle au Kosovo [ LIEN] et le résultat concret de cette guerre humanitaire et de la « paix » qui a suivi ne suscitent aucune réaction des anciens guerriers humanitaires médiatiques. Le cas de la subsistance de la vision et des idées sur le conflit et les véritables parties en présence est resté dans les esprits, même après le démenti de la plupart des informations qui les ont induites.


« Dans Le Nouvel Observateur, 1er juillet 1999, un officier supérieur de l'Otan explique : " Après le fiasco de la guerre éclair, les réfugiés nous ont donné un nouveau but de guerre. C'était décisif. Sans eux, nous aurions bricolé très vite un accord avec Belgrade en échange de l'arrêt des bombardements. Faire partir les Kosovars a été la plus grande erreur de Milosevic. " Un militaire français demande : " Vous vous souvenez de ce petit Kosovar de 10 ans, blessé, qui n'a pu sauver sa petite soeur des flammes ? Eh bien, son témoignage diffusé dans le monde entier a valu plus que 50 divisions... " Il s'agit bien sûr de Dren Saka, dont le sort a été évoqué à la fois par France 2, The Independent et ABC News. » (Henri Maler-La Presse en guerre)

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