Désinformation, Histoire, Actualité

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METHODES - LA DESINFORMATION PAR L'IMAGE

INTRODUCTION

De la peinture à la photo 

Dès l'apparition de la photo, mais déjà auparavant à l'époque de la peinture, l'image a pu être utilisée pour transformer la réalité. Si la peinture permettait de représenter ce que l'on souhaitait montrer, l'embellir ou le contraire, la photo ne pouvait pas obéir totalement à l'imagination et à la main de l'artiste.Il pouvait certes agir sur le cadrage, les couleurs, les ombres et s'exprimer, créer une ambiance, mais non créer de toutes pièces les objets comme le permettait la peinture.En outre le photographe n'est pas nécessairement artiste et certains sujets officiels se prêtent peu à l'exercice de style. Divers procédés apparurent afin d'agir, par photo et films interposés, sur les esprits.

Les rapprochements d'images peuvent être utilisés soit pour évoquer la similitude, l'analogie entre deux éléments (ce qui est nommé à tort « amalgame » aujourd'hui), soit pour en souligner le contraste et choquer Les iconographies communistes et nazies sont riches en juxtaposition d'images, sans nécessairement les modifier : l'image d'un repas de nantis posée judicieusement à côté de celle d'un enfant miséreux et famélique est des plus classique.Le rapprochement peut tenter d'établir un lien de cause à effet, comme dans ce premier exemple du gros et du famélique, ou suggérer, dans d'autres cas analogie, voir similitude : la nazification en est l'exemple frappant.

Si certains des thèmes abordés ici traitent plus de simple propagande visant à montrer sa propre force, la justesse de sa cause, la faiblesse, le ridicule ou la barbarie de l'ennemi, que de stricte désinformation, c'est que la différence est parfois ténue. En outre, ces images isolées ne décrivent pas nécessairement un contexte général qui, dans les cas choisis, correspond à des campagnes de grande envergure.

Diffusion mondiale immédiate

  L'ampleur joue un rôle important dans la désinformation, et de plus en plus : la possibilité de faire diffuser (ou, au contraire, de ne pas le faire) les mêmes images simultanément dans le monde entier, de lancer des rumeurs planétaires, d'attirer toute l'attention sur un évènement, et d'en passer sous silence un autre, peut déjà constituer une source de désinformation.

L'image a un impact souvent plus direct sur l'inconscient, et plus durable que le mot. Elle permet parfois d'induire des analogies sans les formuler. En revanche, parfois associée aux mots, elle en renforce la portée. La même campagne passera souvent par les deux phases. Ainsi, avant les terribles meurtres d'enfants otages à Beslan, les télévisions diffusèrent pendant des heures, de façon répétée, les images de l'assaut du théâtre de Moscou, puis insistèrent sur les méthodes des troupes russes à qui l'on attribuait l'entière responsabilité des victimes.
Dès les premiers tirs à Beslan, l'opinion déjà préparée et forgée, était mûre pour recevoir la désinformation : « au mépris de la vie des enfants, les Russes avaient donné l'assaut ». Plus timidement, et plus tard, il fut admis que les islamistes avaient commencé à tirer sur les enfants avant que la riposte ne se déclenche.Le choix de diffuser pendant des heures entières des images de réfugiés albanais, si possible en larmes, puis le photomontage du « déporté décharné derrière les barbelés, joua un rôle direct dans l'opinion publique pour faire accepter les bombardements sur Belgrade. Le choix de ne pas montrer une seule image de réfugiés serbes quittant la Krajina, puis le Kosovo, de parvenir à filmer les Bouddhas détruits d'Afghanistan mais pas un seul sanctuaire chrétien brûlé et pillé au Kosovo, est en soi une désinformation.

Le choix des sujets

Le choix des personnes présentées lors d'un reportage, aussi bref soit-il, indique clairement le camp officiel choisi. Femmes et enfants seront préférés si le camp choisi doit être victimisé , tandis qu'un groupe d'hommes, si possible armé, si le camp doit être, au contraire, criminalisé.

L'image de la fillette courant nue sur une route du Vietnam a probablement fait davantage contre les militaires américains que des millions de tracts. Les images des enfants de Beslan n'eurent pas le même effet pour les raisons suivantes : elles étaient accompagnées de confusion judicieusement apportée pour mettre en accusation non les preneurs d'otages et l'idéologie qui les guidait, mais les troupes d'intervention. Mieux ces troupes étaient presque présentées comme étrangères luttant contre des indépendantistes, au mépris de toute réalité géographique. De plus, la diffusion de ces images cessa assez rapidement.
La photo de la petite Delphine Renard, blessée à l'œil en février 1962 à l'occasion d'un attentat de l'OAS contre un ministre en couverture de Paris-Match avait fortement joué dans l'opinion. Aucune photo d'enfants massacrés par le FLN soit par explosifs placés dans des écoles, soit directement torturés et tués à l'arme blanche ne fut diffusée en France. La chape de plomb est encore maintenue puisque ces photos atroces, nombreuses et accessibles, ne resurgirent pas davantage pendant la campagne récente de l'Humanité, du Monde, et de France 3 sur la torture en Algérie. Un dossier y sera consacré prochainement sur le site.La récente affaire Al Dura, et quelques autres désinformations sur des meurtres d'enfants palestiniens, même démenties, preuves à l'appui, ont laissé des traces indélébiles, même avec rectifications, dans l'opinion française.

En revanche, il fut reproché aux journalistes d'avoir fait perdre la gauche en ayant interviewé une personne âgée battue et dont on avait brûlé la maison. « Il ne fallait pas diffuser ces images avant les élections. » Personne pourtant ne remit en cause l'authenticité du témoignage, ni l'existence de tels faits dans la France actuelle. Il était simplement mal venu d'en parler et davantage encore de diffuser des images des victimes. La leçon sera retenue puisque les images fournies aujourd'hui par les télévisions françaises suite à des meurtres, pillages, viols, se limitent souvent à l'interview des familles effondrées…des agresseurs à l'issue des procès.

Pour de futurs dossiers

  Si la photo, l'affiche, la caricature fournissent déjà de nombreux éléments qui nous permettent d'illustrer ce dossier du site, l'image filmée est plus difficilement accessible en archives et suppose des moyens techniques et financiers dont nous ne disposons pas.La diffusion par Internet d'images, refusées par les actualités télévisées, de jeunes juifs lynchés au cours d'une manifestation, avec harangue islamiste et personnages filmés n'a certes pas permis la moindre arrestation malgré le nombre de personnes filmées. Elles auront cependant permis d'illustrer un choix politique précis des médias, celui de taire ou minimiser la situation, indiquent clairement le camp choisi.
Tout enregistrement serait bienvenu afin de constituer un éventuel dossier d'analyse d'informations télévisées, mais le projet serait ambitieux pour l'instant.

Nous conseillons à chacun quelques procédés d'analyse :
- chronométrer le temps accordé à chaque sujet d'actualité
- noter les personnes filmées : femmes, hommes, enfants, militaires et le temps de parole ou d'image de chacun
- noter l'aspect des personnes filmées : visage, taille, âge, prestance, vêtement
- noter l'attitude : colère, larmes, prostration, ton de voix et débit
- noter les questions posées et le contenu des réponses
- noter le commentaire du journaliste
- noter également les sujets diffusés avant et après et les mots utilisés pour présenter le documentaire.

Quoi de mieux que l'image filmée pour montrer ou déformer des évènements avec la parfaite apparence de la réalité. Comme il a été dit «  ils ne croient que ce qu'ils voient, or, ce qu'ils voient est faux ». Les mots s'envolent et les écrits restent, dit-on, et cela reste vrai en matière juridique. Dans le domaine de la conscience en revanche, les images restent bien davantage. Elles véhiculent l'émotion et influent davantage sur les esprits que le raisonnement.