Désinformation, Histoire, Actualité

  Sommaire

Accueil
Nouveautés
Actualités
Méthodes et Exemples
Dossiers
Histoire
Documents






METHODES ET EXEMPLES  -  THEORIES - THEORIES ET METHODES - II - GRILLES DE DESINFORMATION

II.1 La grille Durandin

(extrait du site PsyOps) http://www.attention-span.net/psyops/psyops7.htm

Les désinformations peuvent se classer (Durandin, 1993) par des procédés différents constitués des trois catégories suivantes : le signe, l'opération et les canaux

1 Les signes

Il peut y avoir plusieurs signes que l'on montre à la cible pour faire une désinformation : les paroles orales ou écrites, les images (photographies et films), les faux phénomènes, les fausses actions (manifestations prétendues spontanées) et les faux documents (contrefaçon). Si plusieurs signes différents qui s'accordent pour décrire le même mensonge l'effet de la désinformation augmente. Durandin (1993) note deux sortes de mensonges : tactique (mensonge visant modifier directement la conduite d'une cible) et médiatique (mensonge visant à modifier la conduite par l'intermédiaire de son image publique).

En plus de pouvoir présenter les mensonges en information factuelle, l'existence de mots fait croire à l'existence de chose, donc par le langage on peut instiguer un jugement d'existence et de valeur (Durandin,1993) . Trouver des mots qui portent est plus important que de transmettre des données objectives.
Le double langage est une sorte de désinformation qui utilise le langage comme signe. Il consiste à dire deux choses différentes à deux groupes différents à propos d'un même problème soit en isolant les deux destinataires ou soit en gardant la vérité qu'aux cadres de haut niveau (Durandin, 1993). Le trucage des photos a été pendant longtemps très complexe et la photo devint un moyen très fidèle pour représenter la réalité. Par conséquent, elles sont devenues des instruments très vraisemblables pour faire croire une fausse réalité (Durandin, 1993). Aujourd'hui, avec les moyens d'infographie actuelle, toutes photos ou tous films peuvent être manipulés de n'importe quelle façon.

L'utilisation de faux document se fait soit en cachant/détruisant/substituant des documents ou en créant des faux documents ou en falsifiant les documents existants (Durandin, 1993). Les " faux faux " consistent à créer un faux document, le " découvrir " et ensuite en attribuer la provenance chez l'adversaire (Durandin, 1993). Un autre " faux faux " consiste à déformer sa signature de façon à se laisser une porte de sortie ( " Ceci n'est pas ma signature ") si la situation devient désavantageuse (Durandin, 1993). L'utilisateur peut en faire soit un usage tactique (influencer le comportement de l'antagoniste) ou médiatique (nuire à la réputation de la cible) (Durandin, 1993).

2 Les opérations

Les opérations constituent les diverses façons d'altérer la représentation de la réalité. Elle sont fonction du choix que le désinformateur fait des éléments à montrer ou non et fonction de sa thèse (Durandin, 1993). Ce dernier peut soit réduire des éléments (omission de faits, négation, minimisation ou suppression de trace), soit mettre en valeur des éléments (exagération, exhibition) ou soit faire une combinaison des deux (exagérer l'importance de certains faits et en omettre d'autres). S'il manque des éléments pour soutenir une thèse, le désinformateur peut en inventer. L'omission est l'opération la plus facile car il ne soulève pas de contradiction (Durandin, 1993).
La surprésentation est une technique donnant l'illusion de participer à l'activité et pouvoir faire quelque chose à la situation. Il suffit de présenter un maximum d'informations (souvent en direct) superflues afin de masquer les informations importantes (Durandin, 1993). Cette technique est abondamment utilisée sur CNN, et fut l'une des désinformations principales de la guerre du Golfe (Durandin, 1993) avec le contrôle des journalistes (McCormack, 1995) et des informations diffusées (Rakos, 1993)

3 Les canaux

Les canaux sont les moyens utilisés pour transmettre la désinformation. Certains canaux visent la population dans son ensemble, tandis que d'autres ciblent des groupes spécifiques (Durandin, 1993). Les canaux qui touchent la population dans son ensemble sont : les médias de masses (presse, radio, films, télévisions, etc.), les communications informelles (rumeur, conversation), les organisations de masses (ONG, groupes communautaires), manifestation culturelle (fête, sports) ou des mouvements de masse (mouvement écologique, pacifique, etc.). Les canaux qui ciblent des groupes spécifiques sont des périodiques spécialisés, des organisations professionnelles (congrès, etc.), des signes prétendus confidentiels, personnes influentes ou des agents d'influence (membre des services de renseignement). Les destinataires peuvent être atteint par plusieurs canaux ce qui augmente la crédibilité de la désinformation (Durandin, 1993).
En plaçant les actions psychologiques sur un continuum partant d'un extrême communication (propagande) et de l'autre un extrême opération directe (mesure active). L'usage des médias de masses à des fins de désinformation transpose celle-ci aux limites de la propagande tandis que l'usage d'agent d'influences aux limites des mesures actives. Les médias sont considérés par tous les auteurs comme une cible de premier choix pour la désinformation à des fins offensives ou défensives (Durandin, 1993 ; Volkoff, 1986 ; Montifroy, 1994).

L'utilisation de journalistes est utile car :
ils n'ont pas toujours le temps de vérifier leurs sources à cause du milieu extrêmement compétitif de leur emploi,
ils sont facilement influençables (chantage, corruption),
ils sont crédibles et
ils ont accès à de vastes moyens de diffusion (Durandin, 1993).

Cette situation est le propre des sociétés permettant la liberté d'expression. Les sociétés ne laissant pas cette liberté sont à toute fin pratique immunisées contre la désinformation offensive (Volkoff, 1986).

Les journaux peuvent être un moyen de désinformation en temps de paix soit :
en imitant un journal existant contenant de fausses nouvelles,
en créant ou achetant un journal afin de présenter sa vision des choses,
en subventionnant secrètement un journal,
en utilisant des agents d'influence sur un journaliste ou
par l'entremise de publi-propagande payée dans un journal à grand tirage (Durandin, 1993).

Les ondes radios ne sont pas soumises aux frontières entre les états. La désinformation peut se faire :
en émettant à partir d'un poste radio d'un autre pays,
en utilisant une onde très proche d'une station existante ou
en achetant une radio existante en temps de paix (Durandin, 1993).

En temps de guerre la radio peut servir à démoraliser l'adversaire
en lui donnant de fausses mauvaise nouvelle,
en excitant les ennemis de nos ennemis ou
en donnant de vraies informations militairement tactiques pour ensuite donner de fausses informations afin de tendre une embuscade (Durandin, 1993).

Ce type de diffusion est associé à la propagande noire. Aucun poste de télévision n'a été jusqu'à ce jour considérer noir, par contre le contenu de certaines émissions aurait pu être influencé par certains agents occultes (Durandin, 1993).

L'acteur désinforme dans un journal ou une radio soit:
en ne présentant que des nouvelles fausses pour lesquelles l'auditeur ne peut vérifier,
en sélectionnant que des nouvelles allant dans le sens de ses intentions,
en mélangeant des informations véritables et des informations fausses,
en " commentant " des informations vraies,
en exposant des nouvelles vraies avec des preuves concrètes dans un contexte qui en changent le sens,
en grossissant et défigurant les informations vraies afin de susciter des sentiments forts chez les auditeurs,
en donnant une répartition inégale de la longueur et de la qualité des informations,
en habillant une information fausse avec un fait réel et

en donnant l'information sans conclusion de façon à ce que l'auditeur fasse lui-même la conclusion qui s'impose (Durandin, 1993). Remarquez que certains journalistes utilisent ces techniques pour présenter leurs points de vue sans que cela ne paraisse.

DURANDIN, G . L'information, la désinformation et la réalité- Presses universitaires de France – 1993