Désinformation, Histoire, Actualité

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METHODES ET EXEMPLES  -  THEORIES - THEORIES ET METHODES - II - GRILLES DE DESINFORMATION

II.2 La grille Volkoff des symptômes

Vladimir Volkoff décrit quatre symptômes révélant la désinformation.

1 Tout le monde dit la même chose
Cette même chose peut parfois être la vérité et faire à juste titre l'unanimité, lorsque des courants politiques rigoureusement opposés tombent d'accord sur un point unique. Quand, en revanche, les minorités se laissent absorber par la majorité et hurler avec les loups, il est permis de douter de l'authenticité de leur opinion.L'ensemble des médias, puis 73% des Français sondés ont approuvé les bombardements de la Serbie par l'OTAN. En nos temps de respect de la vie humaine, de condamnation de la guerre et de législations internationales, la chose est suspecte.

2 Nous sommes informés à satiété sur un aspect de la question et à peine tenus au courant des autres
Dans l'affaire du Kosovo, il serait intéressant de mettre en parallèle le nombre de lignes consacrées par la presse écrite ou le nombre de secondes consacrées par la télévision à l'exode des Albanais et aux bombardements subis par les Serbes. Dommage que nous n'ayons pas les moyens de procéder à cette opération, mais la différence doit être de l'ordre du simple au centuple.

3 Tous les bons sont d'un côté et tous les mauvais de l'autre
La réalité est rarement manichéenne.
Les conflits des Balkans furent exemplaires de cette vision puérile : les seuls réfugiés filmés furent musulmans, alors que l'exode des Serbes de la Krajina, puis du Kosovo se passa de toute image. Les seules images de Serbes furent celles de groupes d'hommes, souvent armés, et de préférence en train de défourailler.
Ce qui ouvre d'ailleurs une perspective intéressante sur la psychologie plus ou moins spontanée, plus ou moins guidée, des divers publics : à certaines époques, pas si reculées, c'était l'archétype du héros en armes qui apparaissait comme sympathique, la victime intéressant moins, sauf s'il était question de se venger. La victimophilie ambiante a changé tout cela -c'est du reste, l'un des points sur lesquels les Serbes et les Occidentaux se comprennent le moins, les Serbes en étant restés au culte du héros sacrificiel et non pas de l'humilié et de l'offensé, tandis que nous n'avons plus d'intérêt que pour le « syndicat des pauvres petits » de toute sorte, signe inquiétant de décadence.

4 L'acquiescement de l'opinion débouche sur une psychose collective
C'est là le véritable objectif de toute bonne opération de désinformation. Il faut que le consommateur en redemande, qu'il abandonne tout sens critique, qu'il réclame une confirmation permanente de la désinformation qui lui a été administrée comme un consommateur redemande de la drogue, qu'il succombe à ce que j'ai appelé le « vampirisme » de la désinformation : tout mordu devient mordeur, tout désinformé désinformateur.Or, jamais, semble-t-il, depuis qu'il y a eu des Arméniens massacrés par des Turcs ou des petits Chinois mourant de faim aux antipodes, ou des Somaliens ou des Rwandais (sans même parler des malheureux que nous avons à peu près complètement négligés : les réfugiés russes de 1920, les victimes grecques de Smyrne, les Libanais, les Ethiopiens, ou nos contemporains les chrétiens du Soudan) jamais un tel mouvement de solidarité n'a été aussi bien orchestré que celui qui a joué en faveur des Albanais, et le bon peuple n'en a toujours pas assez et ne s'aperçoit même pasque se présentent à nos frontières quantité d'Albanais d'Albanie qui se prétendent réfugiés du Kosovo…

Désinformation, flagrant délit, éditions du Rocher, 1999, p33 à 37