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DOSSIERS-  BALKANS - ALIJA ITZBEGOVIC - LAUDATEURS

L'Express du 03/10/1996 - L' énigme Izetbegovic - par Sylvaine Pasquier

Les commentaires d'Enigma1984 ont été placés en bleu, et le surlignage a été effectué par nous sur le texte de l'auteur

Sorti vainqueur des élections en Bosnie, il rencontre, le 3 octobre, à Paris, son homologue serbe, Slobodan Milosevic. Ce patriarche musulman à la personnalité complexe, marqué par l'épreuve, garde son visage de sphinx.
En cette fin de siècle, un inconnu mélancolique est entré dans l'Histoire. Son nom, personne, ou presque, ne le connaissait il y a cinq ou six ans. A peine savait-on localiser Sarajevo sur les cartes. Profil d'aigle, traits creusés, Alija Izetbegovic, élu en 1990 président de la République de Bosnie, a incarné la survie désespérée d'un peuple que ses ennemis vouaient à la disparition.

Dans les instances internationales, il a joué les empêcheurs de dépecer en rond, donnant du fil à retordre à plus d'un diplomate: «Vous le croyez prêt à négocier, et voilà qu'il fait volte-face et vous casse la baraque», soupire un vétéran de ces marathons. Aujourd'hui vainqueur, aux voix, des élections controversées du 14 septembre, il est le «président des présidents» d'un pays divisé que les Occidentaux ont unifié en apparence, à coups d'artifices institutionnels. Revanche ou piège ultime d'un destin politique qu'il se défend d'avoir jamais souhaité?

Les Bosniaques, qui ont besoin, comme les Serbes et les Croates, d'un héros, le surnomment affectueusement «Dedo» (grand-père), après l'avoir naguère baptisé «Gandhi». Pourtant, il n'a pas été à l'abri des erreurs, ce juriste propulsé au pouvoir qui fit, un temps, profession de non-violence. La guerre, il l'abomine. Il a cru pouvoir l'éviter, il ne l'a donc pas préparée. Lui qui connaît par cœur la liste complète des victoires napoléoniennes et se réfère sans cesse à de Gaulle fit un jour cet aveu: «C'était un soldat; il était taillé pour le rôle, alors que moi...» Aujourd'hui, certains Bosniaques voudraient rendre son entourage responsable de la radicalisation du SDA, ce Parti d'action démocratique qu'il a fondé en 1990 pour représenter les Musulmans: «Alija est trop honnête pour la politique.» N'empêche, il ne s'est pas gêné, durant la campagne et au nom du patriotisme, pour attaquer l'opposition antinationaliste. Lui qui s'est voulu, tout au long du conflit, le champion d'une Bosnie multiethnique place à présent les «intérêts du peuple bosniaque musulman» par-dessus tout. Dans ses mains, il concentre tous les pouvoirs. «C'est un véritable miracle, estime Senad Pecanin, du mensuel Dani, que dans ces conditions Alija Izetbegovic ne soit pas devenu un tyran balkanique classique!» Et de suggérer, malgré tout, qu'il exerce une «dictature à visage humain»...
La "Bosnie multiethnique" dont, selon Sylvaine Pasquier, Itzbegovic se serait voulu le champion est celle qui pratiqua l'épuration ethnique des Serbes de Bosnie, aidé en cela par islamistes et djihadistes du monde entier..
Placer "les intérêts du peuple bosnaique musulman par dessus tout" est ce que l'on nomme préférence nationale et discrimination religieuse. Si l'on y ajoute l'épuration ethnique à grande échelle, on obtient la définition d'un régime de ségrégation raciale et religieuse. On observe l'absence de tout commentaire à ce sujet de la journaliste de l'Express.

Qui est-il, ce leader au masque bienveillant ou amer, capable de trouver au fond de l'accablement absolu l'énergie qui le transforme en redoutable lutteur? Ce sphinx au pâle regard gris n'eut parfois que sa détermination solitaire à opposer au malheur. Les Sarajéviens l'apercevaient parfois, durant le siège, engoncé dans un pardessus kaki, errant, au mépris des bombes, dans sa ville ravagée. Né le 8 août 1925 dans le royaume de Yougoslavie, à Bosanski Samac, dans le nord de la Bosnie, Alija Izetbegovic est issu d'une lignée de beys, autrement dit de l'aristocratie musulmane datant de l'Empire ottoman. La famille quitta Belgrade en 1865 pour prendre possession, à Samac, des terres que lui avait octroyées le sultan d'alors. Notable aisé, le grand-père d'Alija fut maire de sa commune. A la fin des années 20, son père s'installa avec les siens dans la capitale bosniaque.
Rares sont les habitants qui se souviennent encore de cet homme, un employé de bureau relativement effacé, qui travaillait dans la vieille ville. Alija Izetbegovic vit à Sarajevo l'occupation allemande et, après guerre, les purges conduites par les partisans de Tito. Cas unique parmi les dirigeants des républiques de l'ex-Yougoslavie, il n'a jamais été membre du Parti communiste. Il a même tâté, à deux reprises, des geôles titistes. La première fois, en 1946, pour avoir rejoint l'organisation des Jeunes Musulmans. L'un de ses compagnons de l'époque se souvient qu'il passait l'essentiel de son temps à lire Kant et Marx, plutôt que le Coran. Libéré, il lâche ses études d'agronomie pour devenir avocat. Il ne hantera jamais aucun prétoire. Conseiller juridique dans une entreprise de construction, Put (la route), puis à l'Institut des transports, il végète ainsi, sans bruit, écrivant sous un pseudonyme énigmatique, LFB, des articles de philosophie.

Le service de recherche de l'Express ne dispose de personne connaissant le passé pro-nazi d'Itzbegovic et son rôle de recruteur pour la fameuse division SS musulmane Handschar ? Dirait-on que Doriot, ou Laval, a "vécu l'occupation allemande" ?

Son second séjour carcéral date de 1983. Au terme d'un procès totalement truqué - une femme avouera avoir été enfermée six jours durant par la police pour apprendre par cœur son témoignage - il est condamné à quatorze ans de prison. Pour «activités contre-révolutionnaires, nationalistes et musulmanes». En clair, on lui reproche un texte d'une trentaine de pages, cette fameuse Déclaration islamique, écrite en 1970, principale pièce à conviction de ceux qui le traitent à présent de fanatique, voire d'ayatollah, l'accusant de vouloir instaurer une théocratie en Europe- thème martelé par la propagande serbe.
L'ennemi, ici le Serbe pour l'Express,"fait de la propagande", tandis que l'Express, lui, informe( point 6 de la grille de désinformation du "docteur Spin, nommée métapropagande). Cette déclaration a été d'ailleurs rééditée en 1990.

L'analyse, où il n'est jamais question de la Bosnie, dresse un constat sévère de la situation des musulmans dans le monde, «asservis, illettrés, pauvres, divisés», et malmène, au passage, le dogme marxiste comme recette de développement. Pour lui, la «franchise pragmatique de l'islam» aidera celui-ci à trouver sa voie vers la renaissance sans s'encombrer d'aucun modèle. Ce brûlot, anticommuniste à l'époque, Izetbegovic le republie en 1990, assorti d'une devise: «Croire et se battre». Serein, il dit aujourd'hui à la télévision vouloir une Bosnie où les femmes porteraient à leur guise minijupe ou foulard. Si l'on en juge par la hauteur de leurs ourlets, ses filles, Leïla et Sabina, n'ont pas reçu une éducation rigoriste. Son fils, Bakir, architecte et directeur de l'Institut de la reconstruction de Sarajevo, n'a rien d'un pilier de mosquée. Alija, lui, s'est rendu en pèlerinage à La Mecque durant la guerre. Cet homme de haute culture, capable de citer Tchekhov sous les bombes, porte le deuil d'une part de ses rêves. Celui, en particulier, de mettre ses pas dans ceux de De Gaulle en envoyant son armée libérer Sarajevo après les frappes de l'Otan contre les Serbes. Pas question, sinon on vous lâchera, a averti Washington. Et Chirac le gaulliste ne l'a pas encouragé... Violemment critiqué pour le soutien inconditionnel qu'il lui apporta, Bernard-Henri Lévy a sans doute cerné au plus près le ressort de la séduction qu'exerce malgré tout Izetbegovic: «Il y a des hommes que le pouvoir exalte. Lui, le pouvoir le rend mélancolique.» Sans doute parce qu'il se sait otage d'un choix capricieux du destin, enfermé dans un rôle qu'il a endossé avec pragmatisme, mais sans vocation véritable.

un peu fort pour un ancien recruteur SS que d'être comparé à De Gaulle. Quant à "son armée", nous verrons en détail de qui elle était composée, et son éventuel rôle dans le bombardement du marché de Markale, sur la population bosniaque musulmane, ce qui fut immédiatement attribué aux Serbes.[Voir le document du Conseil economique et Social de l'ONU sur les mercenaires islamiques en Bosnie]
Visiblement Itzbegovic a séduit BHL qui a séduit Sylvaine Pasquier. Les familles serbes chassées sur les routes de Krajina ont sans douté été moins séduites par la mélancolie d'Itzbegovic.

bio express : (effectivement !)
1925 : naissance à Bosanski Samac.
1946 : condamné à trois ans de prison pour «nationalisme musulman».
1970 : rédige la Déclaration islamique.
1983 : procès à Sarajevo. Quatorze ans de prison.
1988 : libération.
1990 : élu président de la République de Bosnie.
6 avril 1992 : début du siège de Sarajevo.
14 décembre 1995 : ratification, à Paris, de l'accord de paix de Dayton.
18 septembre 1996 : président des présidents de la Bosnie-Herzégovine.