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DJAKOVICA - POUR QUI SONNENT LES CLOCHES ?
D'après l'article "pour qui sonnent les cloches de Djakovica" ou, "une histoire qui ne fera pas les gros titres". Les Serbes de la ville de Djakovica ont été chassés par les extrémistes albanais dès la fin de la guerre et l'arrivée de la KFOR. Un petit nombre de personnes âgées sont restées, espérant la protection des troupes italiennes de la KFOR. L'UCK continua cependant les attaques, pillages et incendies de maisons serbes.La petite église de l'Assomption servit un temps de refuge à ceux qui fuyaient la mort et la colère destructrice, et Poleksija Kastratovic eut une attitude héroïque, les abritant malgré les menaces et incursions de l'UCK dans le domaine paroissial. D'autres personnes âgées restées dans leurs maisons disparurent et plusieurs furent retrouvés massacrés de façon épouvantable. Ne restèrent finalement que 6 femmes âgées, vivant dans l'enceinte de l'église de l'Assomption et du presbytère, et se réfugiant dans la prière au milieu de la haine qui les encercle. Ancienne enseignante renvoyée par les communistes pour sa foi, Poleksija Kastratovic, 65 ans, vit depuis 40 ans dans la maison paroissiale, menant une vie semblable a celle de la prophéte Anna. Elle sonne encore les cloches tous les jours.
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La KFOR installa ensuite des barbelés autour de la paroisse et la Croix Rouge organisa le départ de ceux qui le souhaitaient. Les cinq femmes décidèrent de rester avec Polyka près de cette église où elles avaient été baptisées et où elles avaient prié pendant toute leur vie. Elles narrent les traitements subis.
Nada Isailovic se trouva avec un pistolet sur la nuque, les Albanais de l'UCK lui disant qu'ils allaient la tuer :" faites ce que vous voulez" répondit-elle. Elle fut chassée de sa maison et s'installa dans celle de son frère, près de l'église. Cette maison avait |
été pillée et elle ne s'y rendait sous escorte que pour y dormir, passant ses journées à l'église. "Quand je marchais dans la rue, ils hurlaient et m'insultaient, et me lançèrent une fois un caillou qui me frappa la tête. Des douzaines de voitures aux plaques albanaises vinrent à
Srpska Street et prirent tout, meubles, télévisions, vêtements, avant d'incendier les maisons." Les soldats de la KFOR semblaient ne pas avoir été préparés à les affronter et dirent ainsi qu'ils n'avaient pas vu ce qui se passait" ajoute en larme une autre femme âgée.
Dragica Nikolic, elle, a été sauvagement frappée par des jeunes albanais qui l'ont ensuite forcée à regarder brûler sa petite et vieille maison. Dragica Nikolic reste toujours silencieuse, n'espèrant plus que pouvoir mourrir dans la ville où elle est née.
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Malgré la situation désespérée, les six femmes ne se découragent pas, menée dans leur combat pour survivre par la force de Polyka. Elles ont tissé des liens amicaux avec les soldats italiens qui leur rappellent probablement, par leur âge,leurs fils et petits fils. Elles leur préparent le café, et à l'occasion un gâteau, tandis qu'eux font les courses alimentaires pour elles. Ils ne disent évidemment pas que c'est pour elles, sans quoi les Albanais refuseraient de leur vendre les produits. Une boutique mitoyenne appartenait à l'église et était louée à un Albanais ; s'y est installé un autre qui refuse de la restituer. |
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"Même notre chien, que les Albanais reconnaissent" est bombardé de pierres quand il sort dans la rue. Les autres chiens appartiennent au Italiens, et le laissent seul. Même les chiens souffrent ici d'injustice dans cet étrange environnement. Au début, les jeunes Albanais jetaient des ordures par dessus le mur d'enceinte, jusqu'au jour où ce fut une grenade. Ensuite les Italiens installèrent des miradors, ce qui, ajouté aux lignes de barbelés, fit ressembler le domaine paroissial à une forteresse. "Certains Albanais autour sont bons et ne nous veulent pas de mal, mais ils redoutent les menaces de mort s'ils nous aidaient. Je suis sûre que tous ne nous haïssent pas. Nous n'avons jamais fait de mal à personne et voulons juste rester près de notre église" dit Polyka.
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La confrérie du monastère de Visoki Decani a décidé de prendre en charge avec grande responsabilité les "grand-mères de Djacovica", comme ils les surnomment affectueusement, et viennent les voir une fois par semaine, sous escorte et en véhicules blindés, leur apportant nourriture, médicaments, bois de chauffage et produits indispensables. Ils viennent également assurer le service liturgique et la communion le dimanche. Parfois, ils les emmènent au Patriarcat de Pec ou à Decani, monastère devenu lui aussi enclave, mais |
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qui bénéficie d'un espace plus vaste et d'un environnement immédiat moins hostile, de campagne et forêt.Elles passent un jour ou deux à decani. De temps en temps les moines les emmènent voir leurs familles et proches en Serbie ou au Montenegro, mais elles sont vite impatientes de retrouver Djakovica que, disent elles, elles aiment plus que tout.
Poljika, elle quitte rarement l'église, l'entretenant, la nettoyant et, y priant. "Il se dégage, voyez vous, une atmosphère particulière de paix émanant de l'icône de Saint Nicolas, le Saint Patron. Cela nous donne encore plus d'espoir en ce que notre combat spirituel plaise à Dieu."dit elle avec un sourire.
"Les organisations humanitaires viennent rarement nous voir. Parmi les plus honnêtes, certains ont reconnu qu'ils avaient peur d'être perçus par les Albanais comme amis des Serbes." soupire-t-elle. "Je comprends que certains aient peur, tandis que d'autres nourrissent des préjugés contre nous...mais Dieu veille à ce que nous ne manquions jamais de rien".
Certains leur demandent si elles ne veulent pas partir, puisqu'il n'y a plus de vie serbe, mais elles refusent de répondre. Il est évident que certaines organisations humanitaires encouragent les Serbes à quitter le Kosovo. Un peu partout en ce moment, ils voudraient une sorte d'élections visant à créer l'illusion d' élections multiethniques dans le Djakovica albanais ethniquement purifié.
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Cathédrale de la Sainte Trinité , Djakovica, détruite en juin 1999 par les Albanais
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Eglise Saint- Elias, explosifs en juin 1999 |
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voir la suite : M Djakovica, pogrom de mars 2004
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