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DOSSIERS - KOSOVO

4 Les chiffres de l'horreur : qui dit mieux ?

"Le HCR avait, dès le 3 avril annoncé une famine à partir de la deuxième semaine d'avril. La précision se confirme, les enfants, souvent orphelins- étant les plus menacés, à l'intérieur même du Kosovo, agonie certaine des 700 000 personnes sans abri, ni soins, ni nourriture." Le Monde, le17/04/1999, page Horizon-débats

le Monde 700 000

""Des dizaines de milliers de jeunes hommes pourraient avoir été exécutés" Journal télévisé d'ABC, 18 avril 1999

100 000 "disparus" annonce The Independent le 12/04/1999 :

Independent_12 avril1999

"500 000 Kosovars albanais sont manquants et l'on craint qu'ils ne soient morts" (Département d'Etat, 19 avril 1999)

"100 000 à 500 000 personnes auraient été tuées, mais cela est au conditionnel", Jean-Pierre Pernaut,TF1, 20/04/1999

"Selon l'OTAN, entre 100 000 et 500 000 hommes ont été portés disparus. On craint bien sûr qu'ils n'aient été éxecutés par les Serbes (...) bien évidemment, la preuve de l'accusation reste à faire" TF1, 21/04/1999

"Washington estimait hier que 500 000 kosovars d'origine albanaise en âge de combattre pourraient avoir disparu dans les rafles menées par les Serbes" Catherine Louquet, France-Soir, le 20/04/1999

" 100 000 disparus : ils pourraient avoir été assassinés" (William Cohen, ministre de la Défense, CBS, "Face the Nation", 16 mai)""Médecins sans Frontières établit un rapport qui démontre que cette déportation s'accompagne de la spoliation et de la destruction des biens kosovars. Selon cette ONG il manque 13% des hommes et 1/4 des personnes ont perdu un membre de leur familleau Kosovo.. Philippe Biberson, vous publiez un rapport qui s'intitule Histoire d'une déportation, c'est un mot très lourd de sens, pourquoi l'employez-vous ?"
Iinterview de Philippe Biberson, président de MSF par Gérard Courchelles, France Inter, 30/04/1999

"Selon le rapport (du département américain rendu public le 10 mai) intitulé "Effacer la mémoire", 90% des Albanais du Kosovo ont été chassés de chez eux(...)Il en ressort l'image d'un Kosovo "transformé parfois en lieu de massacre" ("killing fields" en Anglais, comme sous les Khmers rouges au Cambodge), en particulier dans la région de Djakovica. Le Monde, le 12/05/1999

"On ne peut pas mettre sur le même pied le probable millier de victimes serbes et les centaines de milliers de Kosovars massacrés" Antoine Garapon, magistrat, secrétaire général des hautes études sur la justice, président du "comité Kosovo", membre de la revue Esprit. Télérama, 23 juin 1999
Notons au passage, outre le chiffre indiqué, la considération du magistrat d'Esprit envers le "probable millier de victimes serbes", ne méritant pas d'être mis sur le même pied que les "centaines de milliers de Kosovars masacrés". Les Serbes "massacrent" tandis que l'Otan "fait des victimes". Nous verrons par la suite que cette légitimation à l'avance du meurtre de Serbes, puisque considéré comme presque négligable, a été parfaitement entendue par l'UCK, au delà des espérances des Télérama et autres Monde.

Les chiffres baissent au fur à mesure

Le 25 juin, le président Clinton confirme le chiffre de 10 000 Kosovars tués par les Serbes, cité par The Nation du 8 novembre

Le 2 août, Bernard Kouchner parlera de 11 000 corps exhumés des fosses communes

Des doutes sont exprimés

El Pais du 23 septembre 1999 titre : "Les policiers et juristes espagnols ne trouvent pas de preuves de génocide au nord du Kosovo"
"Crimes de guerre oui, génocide, non. L'équipe d'experts espagnols-composée de fonctionnaires de la police scientifique et de juristes civils- s'est montrée catégorique à son retour d'Istok, la zone nord du Kosovo placée sous le contrôle de la légion. Les 187 cadavres trouvés et analysés dans neuf hameaux étaient enterrés dans des fosses individuelles orientées pour la plupart vers La Mecque-pour respecter les croyances religieuses des Albano-Kosovars- et sans traces de tortures. Il n'y avait aucun charnier...Au moins les Serbes ne sont pas aussi mauvais qu'on les a dépeints, estime le juriste Emilio Perez Pujol. Ce ne fut pas sa seule ironie. Il a également critiqué les chiffres successifs donnés par les "alliés" sur la tragédie du Kosovo : "je lis les données de l'ONU, dit Perez Pujol, directeur de l'institut anatomique juridique de Cratagena, ils ont commencé à 44 000 morts, puis baissé à 22 000 et maintenant ils tournent autour de 11 000. J'ai hâte de voir à la fin combien il y en a eu réellement" (2)

Newsweek, le 22 novembre 1999 titre "Mathématiques macabres" "En avril, dernier, le département d'Etat américain disait que 500 000 Albanais ethniques avaient disparu au Kosovo et craignait qu'ils ne soient morts. Un mois plus tard, le secrétaire à la défense William Cohen affirmait à un journaliste de télévision (sur CBS, le 16 mai) que "près de 100 000 hommes en âge de porter les armes avaient disparu. "Ils pourraient avaoir été assassinés" disait-il. Après la fin de la guerre aérienne de 78 jours contre la Yougoslavie, en juin, l'OTAN a produit une estimation beaucoup plus basse du nombre d'Albanais tués par les Serbes : 10 000. Maintenant il apparaît que même ce chiffre, mùalgré quelques véritables atrocités commises par les Serbes pourrait être un peu trop élevé.
Dans un rapport intérimaire au Conseil de sécurité, la semaine dernière, le procureur en chef du tribunal des nations unies pour les crimes de guerre, Carla Del ponte, a dit que des équipes de médecine légale ont fouillé 195 sites où des victimes de massacres étaient supposées être enterrées et n'y ont trouvé que 2 018 cadavres. elle a dit que nombre de ces sites n'étaient pas du tout des fosses communes mais des sépultures individuelles, et que seuls onze des lieux examinés à ce moment-là contenanient plus de 50 corps chacun."

Aussitôt, la thèse de la dissimulation des cadavres par les Serbes est avancée.

Le Daily Mirror britannique du 7 juillet 1999 annonce qu'un ancien mineur avait vu des dizaines de camions entrer dans la mine du complexe de Trpca au cours de la nuit du 4 juin et décharger e lourds paquets. Pour le Mirror, il n'y avait pas de doute : "Ce que Hakif a vu était un des actes les plus méprisables de la guerre de Slobodan Milosevic- le déversement en mase de cadavres des gens exécutés dans une tentative désespérée de dissimuler les preuves. Les enquêteurs (...) craignent que jusqu'à 1000 corps aient été incinérés dans les fourneaux, du genre de ceux utilisés à Auschwitz, de cette mine aux longs dédales de puits profonds et de tunnels".
On notera au passage la référence à Auschwitz qui, alors que le journal se contente d'avancer une hypothèse basée sur le seul témoignage douteux et fort vague d'un Albanais, se permet tout de même de remettre une couche sur la nazification entreprise contre les Serbes par les médias. Non contents d'être pris la main dans le sac à mensonges, ils recherchent avec grande imagination de quoi étayer et même accentuer leurs préjugés.

les journalistes Daniel Pearl et Robert Block se rendent également à Trpca pour enquêter, puis écrivent, le 31 décembre à la "une" du wall street journal :
" A la fin de l'été, des histoires d'installations de crémation comparables à celles des nazis étaient si répandues que les enquêteurs envoyèrent une équipe de trois gendarmes spéléologues français rechercher des cadavres dans la mine. ils n'en ont trouvé aucune dent ni autre signe de corps brûlés. Au Kosovo, au printemps dernier, les forces yougoslaves ont fait des choses atroces. elles ont expulsé des centaines de milliers de Kosovars albanais, brûlant des maisons et se livrant à des exécutions sommaires.(...) mais d'autres allégations- meurtre de masse indiscriminés, camps de viols, mutilation des morts- n'ont pas été confirmées. (...)Des militants kosovars albanais, des organisations humanitaires, l'OTAN et les médias se sont alimentés les uns les autres pour donner crédibilité aux rumeurs de génocide."

Bilan réel

"La chronique du « génocide » serbe contre les Kosovars (avec références au nazisme) se heurte aujourd'hui au bilan objectif du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie – soit 2 108 cadavres exhumés et 4 266 personnes déclarées mortes par leurs proches. Or, à l'époque, certains médias s'en donnent à cœur joie, qui évoquent de 100 000 à 500 000 personnes tuées : « Mais tout ça, annonce TF1, est au conditionnel. » Lequel serait aujourd'hui le prix du professionnalisme. Même la très sérieuse revue « Esprit » évoque « des centaines de milliers de Kosovars massacrés ».
Nicolas Beau, Le Canard enchaîné, 21/06/00  souligne justement le cynisme de bon nombre de journalistes en écrivant : "Le mot de la fin revient à Laurent Joffrin, patron de la rédaction du « Nouvel Observateur », qui écrit le 10 avril 2000 : « Est-ce que ça change vraiment les choses d'annoncer 4 000 au lieu de 10 000 morts ? » ".
Un "génocide" de 4000 morts ? Effectivement la falsification des chiffres à son importance, comme celle des autres informations, et d'autant plus que le bilan montrera en peu de temps que le nombre de Serbes chassés et assassinés atteindra les mêmes chiffres sans que la presse et les incendiaires d'hier ne s'en émeuvent. (voir les pages bilan)

 

Voir aussi le mystère du camp de Blace et ses 40 000 disparus, qui en dit long sur les méthodes et le sérieux des médias dans leurs chiffrages.
(1) Bombes et bobards, David Mathieu, éditions l'Age d'Homme, 2000
(2) L'opinion ça se travaille, Serge Halimi et Dominique Vidal, éditions Argone

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