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TÉMOIGNAGE DE RIEDLMAYER AU TPIY ET QUESTIONS DE MILOSEVIC p 05

compte-rendu ci-dessous tiré du site du TPIY http://www.un.org/icty/transf54/020409FE.htm
Résumé Enigma
p 05 (p 2666 à 2676) Le Président Milosevic demande à Riedlmayer si, puisque des sites parmi les plus intéressants du continent se trouvent au Kosovo, il n'aurait pas été utile de constituer une équipe internationale non limitée à des membres liés aux pays belligérants ou au tribunal. Le Président du tribunal rétoruqe qu'il semble remettre en cause l'objectivité du témoin, alors que ce dernier a déjà répondu. Milosevic lui demande alors s'il connait la lettre de Slobodan Curcic, historien, professeur à Princetown, parue dans USA Ecomos, qui met en cause la partialité du rapport de Riedlmayer, car il traitait principalement des monuments islamiques.
'Riedlmayer déclare que Curcic se trompe. Milosevic lui demande ensuite s'il connait un pamphlet qui provient de la communauté religieuse islamique du Kosovo, intitulé "Barbarie serbe contre les monuments islamiques du Kosovo", paru en février 1988 et publié à Pristina en 2000, et s'il en a utilisé dans son rapport ces photos fournies par Sabri Bajgora, adjoint du mufti et n°2 de la communauté islamique du Kosovo. Riedlmayer reconnait que parmi les photos choisies pour son rapport, certaines ont été ensuite utilisées dans ce pamphlet.
Milosevic lui demande ensuite s'il est informé des pillages et incendies des monastères de Devici et Decani, du Patriarcat de Pec et du monastère de Konak, par les indépendantistes albanais entre 1980 et 1981. Riedlmayer répond que son étude ne couvre pas cette période, et indique que la version d'un incendie accidentel avait été évoquée. Milosevic lui signale donc d'autres cas en 1998, et Riedlmayer dit qu'ils figurent dans sa base de données. Milosevic l'interroge ensuite sur la destruction du musée de la Ligue de Prizren et semble, par les photos qu'il produit, établir qu'il a été touché par le haut, donc par une frappe aérienne. Riedlmayer indique que cela serait illogique puisqu'il s'agit d'un monument nationaliste albanais dont l'OTAN n'aurait aucune utilité d'en faire une cible, et que les témoignages qu'il a recueillis sur place parleraient d'une roquette ou d'éléments envoyés par la police serbe dans le musée. Milosevic rétorque que le bombardements de deux colonnes de réfugiés albanais par l'OTAN n'avait pas davantage de logique, et que les sources de ses témoignages albanais niant malgré les photos une attaque par le haut sont douteuses. Milosevic l'interroge sur des photos où seule la partie supérieure du batiment a été détruite. Riedlmayer dit alors qu'il n'est allé que plus tard à Prizren et qu'il n'a vu que le batiment rasé avant reconstruction, mais que s'il s'était agi d'une attaque aérienne, les fenêtres alentour auraient été soufflées. Milosevic cite alors le cas précus de sa propre maison atteinte par 3 roquettes, sans que les vitres de maisons situées à 12 mètres ne soient soufflées. Il demande à Riedlmayer s'il est expert en balistique, ce dernier répond par la négative.
Milosevic l'interroge ensuite, puisque Riedlmayer a eu accès aux documents de l'OTAN, s'il savait que le Patriarcat de Pec et le monastère de Gracanica et de avaient été non détruits, mais bien ciblés par les bombardements. Riedlmayer dit l'ignorer mais avoir simplement constaté qu'il n'y avait eu de dégats. Milosevic cite alors un autre rapport indiquant des dégats sur la façade et le descellement des peintures murales, tandis que Riedlmayer s'appuie sur d'autres constats n'en faisant pas état.
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(24 Réponse: Oui. Monsieur, si vous examinez le nombre de rubriques que nous
25 avons publiées, vous constaterez que nous avons étudié toute la... )
1 littérature disponible, nous avons étudié les journaux d'histoire de l'art
2 yougoslave, les documents émanant de l'Institut chargé de la protection
3 des monuments historiques au Kosovo, en Serbie, ainsi que des publications
4 internationales, une monographie récente notamment qui est due à un
5 institut international. Nous avons travaillé beaucoup et étudié beaucoup
6 de documents au cours de la préparation de notre travail et étudié de
7 nombreuses autres publications lorsque nous étions sur le terrain.
8 Question: Mais les documents émanant du centre chargé de la protection des
9 monuments historiques de Prizren font-ils partie des documents que vous
10 avez examinés?
11 Réponse: Oui.
12 M. Milosevic (interprétation): Considérez-vous qu'il serait logique qu'une
13 équipe d'experts internationale ait été constituée pour étudier la
14 situation des monuments culturels du Kosovo de façon à éviter toute
15 attitude partielle ou toute attitude trop liée à ce Tribunal ou toute
16 attitude trop liée à des pays qui ont été responsables de l'agression
17 contre la Yougoslavie? Est-ce que vous pensez qu'une telle action aurait
18 eu quelque valeur, s'agissant du fait que certains des sites les plus
19 intéressants de notre continent se trouvent dans cette région? Considérez-
20 vous donc que l'intérêt de ces sites aurait mérité la constitution d'une
21 équipe d'experts internationaux?
22 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, là encore, vous
23 semblez sous-entendre que ce Témoin n'est pas objectif, or le Témoin a
24 déjà répondu à cela.
25 M. Milosevic (interprétation): Très bien. Dans ce cas, j'ai une question
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1 concrète à poser au Témoin.
2 Monsieur le Témoin, connaissez-vous la lettre de Slobodan Curcic, qui est
3 un historien, professeur d'histoire de l'art, un de vos collègues de
4 Princeton, lettre parue dans le magazine américain "USA Ecomos", en mai
5 2000, qui a considéré que votre rapport était unilatéral, car il traitait
6 principalement des monuments culturels islamiques?
7 M. Riedlmayer (interprétation): Oui, je connais ce document.
8 Ce que M. Milosevic semble évoquer, c'est la publication d'une version
9 préliminaire de notre rapport dans le bulletin d'information de l'Ecomos,
10 Conseil international chargé de la protection des monuments et des sites.
11 Le Pr Curcic, dans des éditions ultérieures, a écrit une lettre à
12 l'éditeur dans laquelle il interprète d'une façon très erronée notre
13 rapport, et ce de façon très spectaculaire, en prétendant que nous n'avons
14 pas travaillé sur les sites orthodoxes serbes. Il fait donc un certain
15 nombre d'allégations au sujet de nos conclusions. Je connais cette lettre;
16 je pense qu'elle constitue une grave erreur de la part du Pr Curcic.
17 Question: Très bien. Nous n'avons pas le même point de vue sur ce sujet,
18 mais toute divergence d'opinion est permise entre nous.
19 Avez-vous entendu parler d'un pamphlet -cette fois-ci, il s'agit donc d'un
20 pamphlet- qui provient de la communauté religieuse islamique du Kosovo,
21 intitulé "Barbarie serbe contre les monuments islamiques du Kosovo", paru
22 en février 1988 et publié à Pristina en 2000? Avez-vous eu ce pamphlet
23 entre les mains?
24 Réponse: J'ai vu ce livre, oui.
25 Question: Connaissez-vous les photographies de Sabri Bajgora, que vous
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1 avez déjà mentionnées? Est-ce que vous avez utilisé les photographies
2 parues dans ce pamphlet?
3 Réponse: Non, nous avons examiné les photographies rassemblées par la
4 communauté islamique, en octobre 1999, et nous avons pris les originaux de
5 ces photographies de l'époque. Par la suite, lorsque la communauté
6 islamique a publié ce petit ouvrage, nous avons constaté qu'elle a utilisé
7 certaines de ces photographies, les mêmes.
8 Question: Savez-vous qui est Sabri Bajgora?
9 Réponse: Oui, il est un adjoint du mufti, c'est-à-dire numéro 2 de la
10 communauté religieuse islamique du Kosovo; il est également professeur à
11 l'université, à la faculté des études islamiques de Pristina.
12 Question: Donc il s'occupe professionnellement de la religion islamique?
13 Réponse: Oui.
14 M. Milosevic (interprétation): Sabri Bajgora, que vous considérez donc
15 comme une source pertinente, est-il censé être compétent pour évaluer de
16 façon professionnelle, en tant qu'expert, la situation du patrimoine
17 culturel au Kosovo? Le considérez-vous comme un expert qualifié pour
18 procéder à cette évaluation?
19 M. Riedlmayer (interprétation): Non, ce n'est pas un professionnel de la
20 conservation des monuments historiques et nous ne lui avons pas demandé
21 son avis sur la question. Nous lui avons simplement demandé des
22 photographies sur la base desquelles nous avons tiré nos propres
23 conclusions.
24 M. le Président (interprétation): Il est 15 heures, il est donc temps de
25 suspendre pour quelques instants. Nous suspendons pendant 15 minutes.
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1 Monsieur Riedlmayer, pendant cette suspension d'audience -et ceci est
2 valable également pour les autres suspensions-, vous êtes prié de ne
3 parler à personne de votre déposition, pas même aux représentants du
4 Bureau du Procureur.
5 Nous nous retrouvons dans ce prétoire à 15 heures 15.
6 (L'audience, suspendue à 14 heures 55, est reprise à 15 heures 13.)
7 M. le Président (interprétation): Nous reprenons.
8 M. Milosevic (interprétation): Au cours de la période allant entre 1960 et
9 1981, les séparatistes albanais ont pillé et détruit les monastères de
10 Devici (phonétique), Decani et le 16 mai 1981, ils ont attaqué le
11 patriarcat de Pec et l'ont incendié, et le monastère de Konak a été
12 incendié qui contenait de nombreuses oeuvres artistiques de grande valeur.
13 En avez-vous connaissance?
14 M. Riedlmayer (interprétation): Cette période n'était pas couverte par
15 notre étude mais, en effet, j'ai entendu dire que cela avait été le cas et
16 j'ai aussi lu que la police à l'époque avait dit qu'il s'agissait là d'un
17 incendie accidentel, mais comme je l'ai déjà dit, je ne suis pas en mesure
18 d'en parler plus avant, n'ayant pas plus d'information que cela.
19 Question: Et savez-vous, puisque je pense que votre rapport couvre cette
20 période, que l'UCK terroriste le 22 juillet 1998 est entrée dans le
21 monastère de Saint-Kosme, près de Damjan, par effraction et qu'elle a
22 endommagé, de manière très importante, le mur du monastère Konak? Avez-
23 vous omis ce fait ou avez-vous des informations à ce sujet dans le cadre
24 de vos recherches?
25 Réponse: Je pense que ce à quoi vous faites référence porte sur le
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1 monastère de Zlociste au sud de Orahovac et, en effet, il figure dans
2 notre base de données. Non seulement le Konak a été endommagé, mais
3 ultérieurement l'église qui était adjacente au monastère a été détruite
4 par explosifs; et si j'ai bien compris, maintenant elle est en train
5 d'être reconstruite.
6 Question: Et savez-vous que dans le cadre des frappes de l'OTAN, le 22
7 mars 1999, c'est-à-dire le cinquième jour de la guerre, une roquette a
8 touché et a détruit le bâtiment du musée de la Ligue de Prizren, que l'on
9 peut voir d'ailleurs sur cette photographie?
10 Si on peut la montrer, s'il vous plaît au Témoin.
11 (Intervention de l'huissier.)
12 On voit qu'elle a été touchée par le haut. Il s'agit du bâtiment de la
13 Prizren Ligue, est-ce que vous voulez bien, Monsieur l'huissier, la
14 montrer au Témoin?
15 (Intervention de l'huissier.)
16 Comme vous pouvez le voir, ce bâtiment n'aurait pas pu être détruit du sol
17 comme vous l'affirmez.
18 Réponse: C'est un site sur lequel nous avons travaillé. Nous disposons
19 d'un grand nombre de photographies antérieures. Et bien sûr, la condition
20 dans laquelle le bâtiment se trouvait en 1999 était telle qu'il avait été
21 rasé.
22 Je voudrais souligner un certain nombre de points, à savoir que ce qui
23 nous a incité à dire que ce bâtiment a été détruit à partir du sol, c'est
24 que d'abord, si vous regardez de part et d'autre de l'ancien musée de la
25 Ligue de Prizren, il s'agissait d'un petit bâtiment du début du 19ème
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1 siècle, petit bâtiment de deux étages entouré, de part et d'autre par
2 d'autres bâtiments historiques, le bâtiment ici à gauche et derrière
3 faisait également partie du musée. Et ensuite les bâtiments de l'autre
4 côté y étaient aussi, et il est particulièrement frappant quand on regarde
5 ce cliché, c'est que ces bâtiments qui sont éloignés de quelque huit à dix
6 mètres du site, sont totalement intacts, ce qui milite contre la thèse
7 d'une frappe par le haut, par l'air.
8 Deuxièmement, la construction de ce musée de la Ligue de Prizren était ce
9 qui était connu dans la région comme un bâtiment en briques et non pas en
10 bois. Et c'est un type de bâtiment qui n'aurait pas bien résisté à un
11 incendie ou à des explosifs, il aurait été détruit très rapidement. S'il
12 avait été détruit par une charge explosive très forte, il y aurait eu
13 encore moins de reste. Or, ce que je vois ici est tout à fait typique
14 d'autres bâtiments, ce que l'on a vu ailleurs au Kosovo, concernant des
15 bâtiments incendiés dans un contexte urbain très dense où des bâtiments
16 adjacents ne sont pas endommagés. Donc j'ai des doutes et je ne pense pas
17 que ce bâtiment ait été touché d'en haut.
18 Et c'est aussi une question de logique. Pourquoi le monument de Prizren
19 qui est un monument du patrimoine national albanais aurait été le bâtiment
20 de Prizren qui aurait été justement frappé par une frappe aérienne de
21 l'OTAN de manière délibérée? Je crois que ce ne serait pas logique.
22 Peut-on montrer l'autre cliché?
23 (Intervention de l'huissier.)
24 Vous voyez ici des poutres calcinées et on voit que le rez-de-chaussée est
25 encore debout. J'ai d'autres photographies du bâtiment avant qu'il ne soit
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1 détruit, et on voit qu'il n'était pas élevé. Et enfin, il y a aussi un
2 certain nombre de personnes que nous avons interviewées qui nous ont dit
3 avoir vu la destruction et, d'après elles, il s'agit de la police serbe
4 qui avait envoyé des éléments incendiaires dans ce bâtiment.
5 Enfin, entre ce musée et le bâtiment qui est tout derrière, qui est juste
6 derrière, il y avait une série de statues grandeur nature, des statues qui
7 ont été retrouvées dans le lit de la rivière adjacente. Ce qui, là encore,
8 milite en faveur de la thèse de destruction faite à partir du sol et non
9 pas à partir de l'air.
10 M. Milosevic (interprétation): Eh bien, regardons cette autre
11 photographie, si vous le voulez bien.
12 (Intervention de l'huissier.)
13 Non, l'autre côté.
14 (Intervention de l'huissier.)
15 Comme vous le voyez, il a été touché par le haut et il n'aurait pas pu
16 être touché par un lance-roquettes manuel. Le 28 mars 1999, il a été
17 touché directement par une bombe lancée d'un avion, ce qui est une preuve.
18 Alors, est-ce une preuve convaincante pour vous d'entendre ce que des
19 témoins albanais vous ont dit? Est-ce que c'est une logique convaincante?
20 Pourquoi est-ce que l'OTAN toucherait un monument culturel des Albanais?
21 Si je vous demande pourquoi l'OTAN toucherait une colonne de réfugiés
22 albanais au cours de laquelle des douzaines d'hommes, de femmes et
23 d'enfants ont été tués, pourquoi est-ce que l'OTAN aurait touché à nouveau
24 une deuxième colonne de réfugiés albanais, où encore des douzaines de
25 personnes albanaises, hommes, femmes et enfants auraient été tuées?
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1 M. le Président (interprétation): C'est un discours. Ce que le Témoin nous
2 dit émane de ces conclusions selon lesquelles le bâtiment a été incendié.
3 Maintenant, si vous souhaitez lui soumettre une autre thèse, faites-le.
4 Vous avez entendu quelles sont ses conclusions.
5 M. Milosevic (interprétation): Comme vous le voyez sur ce cliché -si l'on
6 peut placer la photographie sur le rétroprojecteur-, on voit qu'il n'y a
7 pas de traces d'incendie; c'est une photographie où l'on voit un bâtiment
8 qui a été touché par les airs?
9 M. le Président (interprétation): Laissez le Témoin répondre.
10 M. Riedlmayer (interprétation): Eh bien, l'étage supérieur n'existe plus.
11 Il était composé de briques et de bois. On voit ici ce qui reste des
12 poutres en bois, calcinées, et aussi, on a l'impression qu'il y a la fumée
13 qui sort du bâtiment. C'est tout ce que je vois de ce cliché.
14 Lorsque nous nous sommes rendus à Prizren, le site avait été complètement
15 rasé et ils étaient sur le point de commencer la reconstruction du
16 bâtiment. Je peux vous dire que les bâtiments adjacents se trouvaient dans
17 la même condition qu'auparavant; on le voit ici, sur cet autre cliché, où
18 l'on voit les toits en tuiles rouges qui sont encore intactes, les
19 fenêtres également. Tout autre type d'explosion aurait au moins soufflé
20 les vitres et on aurait pu voir très aisément si les fenêtres avaient été
21 réparées, la distance séparant ces bâtiments était infime.
22 Question: Monsieur Riedlmayer, l'OTAN a touché ma maison par trois
23 roquettes. A douze mètres de la maison, pas une seule vitre n'a été
24 soufflée; un bâtiment à douze mètres plus loin, dans le jardin.
25 Etes-vous un expert en balistique, Monsieur Riedlmayer?
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1 Réponse: Non, je ne prétends pas être un expert en balistique. Je vous dis
2 juste ce que j'ai vu.
3 M. Milosevic (interprétation): Très bien. Nous pouvons donc poursuivre.
4 Est-ce que vous savez que la zone autour du patriarcat de Pec, qui a été
5 construit aux XXe et XXIe siècles, a été touchée par des avions de l'OTAN
6 à de nombreuses occasions: le 1er mars, le 12, le 13 mai 1999, même si
7 c'est un monument de la première catégorie que l'UNESCO a placé au rang de
8 patrimoine universel?
9 M. le Président (interprétation): Oui, il a été dit que cela avait été
10 touché trois fois, le patriarcat.
11 Monsieur Riedlmayer, pouvez-vous répondre?
12 M. Riedlmayer (interprétation): Oui. Nous avons visité le patriarcat,
13 comme deux autres experts indépendants qui ont vérifié l'état du bâtiment,
14 les fresques sur les murs et qui n'ont pas vu de dégâts dans le bâtiment,
15 autres que l'humidité environnante. Les deux experts en matière de
16 conservation, dont Tody Cezar, qui figure dans le rapport, qui est un
17 consultant indépendant, qui travaille pour le département de la Culture
18 pour la MINUK, en décembre 2000 et janvier 2001 et, plus récemment, une
19 équipe italienne de l'Instituto centrale del Estero, a visité le
20 patriarcat de Pec ainsi que le monastère de Decani. Dans un rapport publié
21 dans "Giornali del Arte", à l'automne passé, il est dit qu'il n'y a pas eu
22 de dégât constaté sur les bâtiments dans ce site.
23 M. Milosevic (interprétation): Je ne peux pas vous interrompre, mais je
24 n'ai pas dit qu'il a été touché; j'ai dit qu'ils ont bombardé la zone du
25 patriarcat de Pec le 1er mars, le 1er avril, le 11, 12 et 17 mai 1999. Et
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1 vous dites que les informations concernant les bombardements vous ont été
2 fournies aussi bien par l'OTAN que par les autorités yougoslaves.
3 Donc ma question est la suivante: saviez-vous que la zone du patriarcat de
4 Pec avait été ciblée à cinq reprises, en 1999, en dehors de votre travail
5 -et je voudrais poursuivre ma question- pour ce qui concerne le monastère
6 de Gracanica?
7 M. le Président (interprétation): Donc, Monsieur Riedlmayer, il est dit
8 que c'était la zone et non pas le patriarcat qui avait été touché; est-ce
9 que vous pouvez élaborer?
10 M. Riedlmayer (interprétation): Non. Tout ce que je peux dire, c'est que
11 nous avons lu les rapports, à savoir qu'il y avait eu des allégations.
12 C'est pourquoi nous avons étudié d'éventuels dégâts aux bâtiments, et les
13 conclusions c'est qu'il n'y a pas eu de dégât.
14 Question: Et la zone entourant le monastère de Gracanica? Vous savez qu'il
15 s'agit là d'un des plus beaux bâtiments de l'architecture universelle, qui
16 date du 14ème siècle et qui est protégé et classé comme bâtiment historique
17 mondial. La zone de ce monastère de Gracanica a été bombardée par l'OTAN,
18 le 28, le 3 avril, le 10, le 11 et le 14 mai. Les bombes sont tombées très
19 près du monastère. Elles n'ont pas touché le monastère à proprement parler
20 mais elles ont endommagé la façade du monastère ainsi que les fresques qui
21 étaient peintes. Est-ce que vous en avez connaissance? Est-ce que vous
22 l'avez constaté?
23 Réponse: Là encore, je n'ai pas de connaissance poussée de ce qui s'est
24 passé pendant la guerre puisque je n'y étais pas. Pour ce qui est des
25 monastères, nous disposons du rapport de Mme Cezar, qui s'est rendu sur le
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1 lieu du monastère et a établi que les fresques étaient endommagées et
2 souffraient du fait de l'humidité causée par la nappe phréatique et des
3 problèmes d'humidité, de descellement des murs, étant donné le peu
4 d'entretien dont ce bâtiment avait bénéficié au fil des ans. Pour ce qui
5 est des dégâts, nous n'en avons pas constaté et les moines n'en ont pas
6 fait état. Je sais qu'il y a eu des allégations dans ce sens mais nous ne
7 les avons pas observées nous-mêmes.
8 Question: Vous ne vous êtes pas rendu, vous-même, sur les lieux, je le
9 comprends bien, mais est-ce que vous connaissez bien le rapport des
10 experts de l'Institut républicain pour la protection des monuments
11 culturels de la Serbie concernant l'état des fresques de Gracanica, publié
12 par la Société des conservateurs à Belgrade, en 2000, par l'éditeur Marko
13 Omcikus? Est-ce que vous connaissez l'existence de ce rapport?
14 Réponse: Eh bien, je connais l'existence de travail mais je n'ai pas
15 réussi à obtenir un exemplaire de ce travail. Néanmoins, ce travail a été
16 repris dans un article du Pr Socic et dans le Journal des études
17 architecturales byzantines. Dans cet article, il répète les allégations
18 des conservateurs selon lesquelles les fresques sont séparées, descellées
19 du mur et sont en danger dans la mesure où elles risquent de s'effondrer;
20 ce qui ne corrobore pas l'évaluation faite par le conservateur Mme Cezar.
21 Je ne prétends pas être expert en matière de peintures murales moi-même.
22 Tout ce que je puis dire, c'est que nous avons deux rapports par des
23 experts qui semblent être discordants.
24 Question: Vous mentionnez le professeur de Princeton?
25 Réponse: Oui.
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