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DOSSIER KOSOVO  - SANCTUAIRES -TÉMOIGNAGE DE RIEDLMAYER AU TPIY ET QUESTIONS DE MILOSEVIC


Résumé des audiences par Enigma

compte-rendu ci-dessous tiré du site du TPIY http://www.un.org/icty/transf54/020409FE.htm

:
page 01 Ces premières pages (2594 à 2640) introduisent l' audience et précisent les qualités et qualifications d'Andréas Riedlmayer et Andrew Herscher, auteurs d'un rapport intitulé "Destruction du patrimoine culturel du Kosovo en 1998-1999", financé par l'Institut des études de sciences humaines Packard. Les auteurs se sont rendus au Kosovo en octobre 1999, y ont visité 560 sites, et consulté les représentants des diverses communautés religieuses. On apprend que "sur le chemin", ils sont passés par La Haye et ont contacté le Bureau du procureur du TPIY pour demander quels documents et travaux pourraient lui être utiles.

page 02, pages 2641 à 2645 La méthode de travail et les sources sont examinées : on y distingue les sources selon que les sites ont été visités ou non. En fait, seuls 144 sites ont été visités par les auteurs, sur la base de documents sur ces batiments avant guerre, puis vérification sur place de leur état et equête "auprès des gens du coin". En octobre 1999, quels sont ces "gens du coin", les auteurs ne le précisent pas. Les autres sites présentés dans le rapport ont été étudiés par le "le Groupe international de gestion", une organisation internationale commanditée pour faire une évaluation des dégâts causés aux infrastructures du Kosovo par la Communauté européenne. Les trois communautés religieuses principales, orthodoxe, catholique et islamique ont été consultées, et il a également été tenu compte de reportages des médias. Les sites ont été classés en catégories régissant l'évaluation des dégâts.

page 03, page 2646 à.2654.Les auteurs du rapport affirment que les monuments islamiques détruits l'ont été en 1998-1999. Ils évaluent à 225 le nombre de batiments islamiques dégradés. L'Eglise orthodoxe serbe a édité une abondante documentation sur ses propres sites, tant avant guerre qu'après leurs destructions ou dégradations. 80 ou plus ont été attaqués après la guerre, sans doute dans le cadre d'attaques menées par des Albanais qui rentraient. Aucun sanctuaire serbe ne présenterait la trace de bombardements effectués par l'OTAN. Les auteurs démentent, pour l'église de  Drsnik, municipalité de Kline la destruction par bombardement en avril 1999 invoquée par l'Institut de la protection du patrimoine de la République de Serbie et du ministère de l'Information ; ils indiquent qu'elle aurait été incendiée, que le toît en est intact, et que les peintures murales ont été couvertes de graffitis UCK . Les auteurs précisent que les habitants serbes avaient quitté le village en juin 1999. Pour l'ensemble, le nombre de sites endommagés le plus important est manifestement celui de la communauté islamique, affirme M. Riedlmayer. Le juge lui demande ensuite de lui faire parcourir au moins deux de ces sites; un sur lequel il s'est trouvé lui-même et, un autre, pour lequel il s'est servi d'informations extérieures. Ce dernier choisit le site de Selina et indique que la base de données de IMG et le Pr Sabri Bajgora de la communauté islamique corroborent l'information. Puis Riedlmayer choisit de présenter le bazar de Djakovica dont les échoppes ont été brûlées et la mosquée de Hadum dont le toît a été soufflé. Tous les sites présents dans l'acte d'accusationvisités par les auteurs du rapport, font état de la même méthode de description effectuée pour le site pris en exemple à l'audience et ont été vérifiés par des tiers : IMG et le Pr Sabri Bajgora de la communauté islamique.

page 04 (2655 à 2665) Le Président Slobodan Milosevic interroge à son tour le témoin Andréas Riedlmayer. Les questions portent sur ses relations avec le tribunal, puisqu'il est allé le consulter avant d'effectuer son premier séjour au Kosovo, qu'il en a reçu des instructions. Riedlmayer explique que les instructions n'étaient que d'ordre technique et qu'il n'agissait pas en qualité d'agent du tribunal. Il apparaît que l'acte d'accusation initial, de mai 1999, a été modifié en octobre 2001 après remise au tribunal du rapport dans l'été 2001. Milosevic indique que le rapport entre le travail de Reidlmayer et l'acte d'accusation a été établi. Le financement du rapport a été effectué par une Fondation, indique Reidlmayer. Milosevic l'interroge sur le fait que son travail pour le tribunal pouvait contribuer à juger ceux qui étaient responsables des bombardements, à savoir l'OTAN. Riedlmayer confirme à nouveau que l'OTAN n'est responsable d'aucun bombardement d'église serbe. Les destructions sont le fait d'Albanais, après la guerre.
Riedlmayer cite pour confirmer cela la brochure Kosovo Cruxified éditée par l'Eglise orthodoxe, diocèse de Raska et Prizren. Milosevic demande ensuite quelles étaient les troupes présentes au moment où Riedlmayer étudiait les destructions. Ce dernier répond qu'il y avait les troupes de la SFOR, dont l'OTAN ne fait pas partie, et des troupes russes. Milosevic signale que la publication citée, Kosovo cruxified, qui indique par des drapeaux les forces présentes près des sanctuaires détruits, ne produit aucun drapeau russe, mais des drapeaux américains, allemands, italiens, etc..et demande :"Ces Etats sont-ils responsables de la destruction des monuments culturels dans les zones protégées par leurs troupes ?". Le président estime que le témoin ne peut répondre à cette question, et Milosevic fait observer que les conclusions du rapport établissement pourtant des causes et moyens aux dégradations et destructions.
Après avoir rappelé les trois instances qui ont financé les travaux de l'enquête et du rapport, la Fondation Packard, le centre chargé des études moyennes-orientales de Harvard, ou en ont bénéficié (le Tribunal), Milosevic interroge : "Cependant, compte tenu du fait que votre rapport a été financé et réalisé dans l'intérêt des pays qui ont soutenu l'agression de l'OTAN au nombre desquels vous figurez, pouvez-vous considérer que le résultat de votre travail est objectif ? " Il demande ensuite à Riedlmayer de préciser les pourcentages de sites chrétiens et ottomans atteints, indiquant qu'il ne s'agit pas seulement des églises détruites mais de l'ensemble du patrimoine culture. Riedlmayer dit éprouver quelques difficultés à répondre, puisqu'il estime que certains batiments chrétiens antérieurs à la période ottomane, notammernt les sites archéologiques ne peuvent être pris en compte (ainsi la documentation serbe liste un millier de sites et batiments, tandis que Riedlmayer ne prend en compte que 210 églises), que peu de mosquées ont été construites après l'occupation ottomane. C'est à partir des années 1980 que chrétiens et musulmans recommencèrent à construire assez massivement des édifices religieux. Riedlmayer indique 600 mosquées, dont la moitié construites après la fin de l'empire ottoman (donc après 1980, selon son affirmation antérieure ? NDLR). Milosevic lui demande s'il a constaté une discrimination, avant la guerre, dans la construction de batiments chrétiens et musulmans. Riedlmayer dit l'ignorer mais indique néanmoins que, selon lui, seules 15-20 mosquées étaient protégées officiellement contre 210 sites chrétiens, et donc que l'essentiel des financements pour la sauvegarde et l'entretien allaient aux monuments chrétiens.Milosevic lui demande s'il connait l'estimation, faite par des experts internationaux oeuvrant partout dans le monde et non sur la seule Yougoslavie, donc objective attestant d'un rapport de 75 à 25 entre monuments chrétiens et ottomans au Kosovo. Riedlmayer dit l'ignorer

page 05 (p 2666 à 2676) Le Président Milosevic demande à Riedlmayer si, puisque des sites parmi les plus intéressants du continent se trouvent au Kosovo, il n'aurait pas été utile de constituer une équipe internationale non limitée à des membres liés aux pays belligérants ou au tribunal. Le Président du tribunal rétoruqe qu'il semble remettre en cause l'objectivité du témoin, alors que ce dernier a déjà répondu. Milosevic lui demande alors s'il connait la lettre de Slobodan Curcic, historien, professeur à Princetown, parue dans USA Ecomos, qui met en cause la partialité du rapport de Riedlmayer, car il traitait principalement des monuments islamiques.
'Riedlmayer déclare que Curcic se trompe. Milosevic lui demande ensuite s'il connait un pamphlet qui provient de la communauté religieuse islamique du Kosovo, intitulé "Barbarie serbe contre les monuments islamiques du Kosovo", paru en février 1988 et publié à Pristina en 2000, et s'il en a utilisé dans son rapport ces photos fournies par Sabri Bajgora, adjoint du mufti et n°2 de la communauté islamique du Kosovo. Riedlmayer reconnait que parmi les photos choisies pour son rapport, certaines ont été ensuite utilisées dans ce pamphlet.
Milosevic lui demande ensuite s'il est informé des pillages et incendies des monastères de Devici et Decani, du Patriarcat de Pec et du monastère de Konak, par les indépendantistes albanais entre 1980 et 1981. Riedlmayer répond que son étude ne couvre pas cette période, et indique que la version d'un incendie accidentel avait été évoquée. Milosevic lui signale donc d'autres cas en 1998, et Riedlmayer dit qu'ils figurent dans sa base de données. Milosevic l'interroge ensuite sur la destruction du musée de la Ligue de Prizren et semble, par les photos qu'il produit, établir qu'il a été touché par le haut, donc par une frappe aérienne. Riedlmayer indique que cela serait illogique puisqu'il s'agit d'un monument nationaliste albanais dont l'OTAN n'aurait aucune utilité d'en faire une cible, et que les témoignages qu'il a recueillis sur place parleraient d'une roquette ou d'éléments envoyés par la police serbe dans le musée. Milosevic rétorque que le bombardements de deux colonnes de réfugiés albanais par l'OTAN n'avait pas davantage de logique, et que les sources de ses témoignages albanais niant malgré les photos une attaque par le haut sont douteuses. Milosevic l'interroge sur des photos où seule la partie supérieure du batiment a été détruite. Riedlmayer dit alors qu'il n'est allé que plus tard à Prizren et qu'il n'a vu que le batiment rasé avant reconstruction, mais que s'il s'était agi d'une attaque aérienne, les fenêtres alentour auraient été soufflées. Milosevic cite alors le cas précus de sa propre maison atteinte par 3 roquettes, sans que les vitres de maisons situées à 12 mètres ne soient soufflées. Il demande à Riedlmayer s'il est expert en balistique, ce dernier répond par la négative.
Milosevic l'interroge ensuite, puisque Riedlmayer a eu accès aux documents de l'OTAN, s'il savait que le Patriarcat de Pec et le monastère de Gracanica et de avaient été non détruits, mais bien ciblés par les bombardements. Riedlmayer dit l'ignorer mais avoir simplement constaté qu'il n'y avait eu de dégats. Milosevic cite alors un autre rapport indiquant des dégats sur la façade et le descellement des peintures murales, tandis que Riedlmayer s'appuie sur d'autres constats n'en faisant pas état.

page 06 (page 2677à 2690)Slobodan Milosevic interroge Riedlmayer sur des sites qui ont été, selon lui, ciblés par l'OTAN : Gazimestan, l'église de Saint-Nikola à Djurakovac, l'église de Sveta Paraskeva à Dsrnik, l'église Saint Gavrilo, à Draganac, l'église de l'Archange près d'Urosevac. Riedlmayer nie que ces sites aient été bombardés par l'OTAN et explique qu'ils ont été endommagés ou détruits par des Albanais après guerre, par incendie ou explosifs. Milosevic présente une carte montrant la richesse du patrimoine. Tout en reconnaissant que le Kosovo est "une ile au trésor" en matière d'architecture, indique que la carte présente aussi des sites archéologiques davantage que des églises encore debout. Milosevic lui demande si les Albanais n'ont pas commis ces destructions pour effacer le traces des bombardements. Il indique la zone de Kudlovac, la vieille
place,où une une forteresse du Moyen Age, ciblée par l'OTAN avait a été endommagée. Riedlmayer ne se prononce pas n'ayant vu les lieux qu'en mars 200, en ruines.
15 près de Kosovska-Mitrovica qui date du 12ème siècle. Milosevic dit ensuite que plusieurs centaines de mosquées ont été construites entre 1987 et 1999, chiffre qui semble élevé pour Riedlmayer, qui souligne que, même si le nombre de constructions religieuses a été important après la chute du communisme, il ne dispose pas de chiffre. Les questions portent ensuite sur la quantité et la méthode de clasement des sites musulmans anciens ; le chiffre de 15 à 30 mosquées classées fait dire à Riedlmayer que la méthode de classement obéissait à d'autres raisons, de valeur ou politiques. Il évoque Pec où, selon lui, sur 36 mosquées, dont 18, datant du XVe au XVIIIe siècle, seules 2 ou 3 ont été classées. Milosevic informe que que beaucoup de ces bâtiments d'origine ottomane ont été rénovés et protégés par la fondation serbe, donc par le gouvernement de Serbie, la mosquée Sinan Pasha, le hammam de Prizren, et que dans les années 90, le gouvernement a reconstruit la mosquée impériale Jashar Pasha à Pristina, ainsi que la
mosquée Bajrakli à Pec et le pont Terzija à Djakovica, documents classés de première classe.Il indique que le turbe ou mausolée du sultan Murat, mort dans la bataille du Kosovo, n'a jamais été endommagé par les Serbes, ce que confirme Riedlmayer. La mosquée de Sinan Pasha, à Prizren, construite au 17ème siècle, avait été construite avec des matériaux utilisés auparavant pour construire le monastère chrétien de l'Archange, détruit pour construire précisément cette mosquée, et cette mosquée du 17ème siècle, indépendamment de cela, avait été reprise dans la catégorie mondiale des bâtiments protégés et classés. Riedlmayer confirme ces informations livrées par Milosevic.
Milosevic demande à Riedlmayer s'il avait été informé de ce que les minarets étaient utilisés par l'UCK comme postes de tirs, et avaient donc, dès lors pu parfois être traités comme objectifs militaires. Riedlmayer rétorque que la plupart du temps, lorsque des mosquées furent incendiées et les minarets étaient décapités, on ne trouvait pas de traces d'armes légères, ce qui aurait été le cas s'il s'était agit de tireurs isolés. Il indique que souvent, des graffitis anti albanais ou anti OTAN étaient visibles, ce qui indiquait d'autres acteurs quedes militaires en opération.
Milosevic évoque la mosquée de Hadum à Djakovica indiquant que l'UCK a mené des combats jusqu'au 14 mai depuis les collines voisines, et que l'OTAN a effectué des bombardements, détruisant une part importante de la vieille ville. Riedlmayer réplique que le minaret décapité porte des trous laissant supposer qu'il a été frappé par autre chose qu'un missile, que la place du marché a relativement peu souffert, et que les causes seraient plus celles d'un incendie que de bombardements. Milosevic demande, puisque Riedlmayer reconnaît son incompétence en balistique et en matière militaire, s'il n'aurait pas été utile de recourrir à un groupe d'experts capables d'expliquer les faits. Le Président récuse cette idée. Milosevic demande à Riedlmayer s'il est informé que de la mosquée Landovica qui se trouve à 20 mètres de la route Prizren- Djakovica, une colonne de l'armée serbe avait été prise pour cible par des tirs depuis le minaret. Riedlmayer dit qu'il n'a pas d'informations à ce sujet. Il n'a observé que les dégats et a utilisé les photos et films proposés après guerre par des agences de communication. Milosevic lui demande s'il connaissait l'appartenance d'une de ces sources à l'UCK, Riedlmayer dit l'ignorer