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METHODES- CONDITIONNEMENT - APPLICATIONS - Les réinformations sans effets sur les idéologies-
Réactions au livre noir du communisme -

le cas de Gilles Perrault

Survivance du communisme : quand réinformer ne suffit même plus contre les mécanismes d'aliénation

L'idéologie plus forte que les faits, l'affectif plus fort que le rationnel, les automatismes plus forts que la pensée, les images mentales plus fortes que la réalité, l'aliénation plus forte que la conscience : si psychologues et publicitaires le savent, les politiques l'ignorent.

Le livre noir du communisme, recueil de travaux d'historiens sous la direction de Stéphane Courtois, paru en 1997 est un ouvrage majeur du XXe siècle. Après des décennies de silence, de dénigrement de toute parole dissidente, de négation de l'horreur des camps soviétiques et chinois, de négation du génocide cambodgien, quelques informations, souvent qualifiées de propagande par les communistes, avaient commencé à percer. La chute du mur, ouvrant l'accès aux archives, permit, à qui s'y intéressait et savait décrypter, d'attaquer un sérieux travail de bilan des réalisations communistes. Les historiens, qui, avec Courtois s'y sont attelés, sont, pour la plupart d'anciens marxistes et possédaient déjà, outre la compréhension de la méthode et de l'idéologie marxiste, de nombreuses informations qui demandaient confirmation. C'est aujourd'hui chose faite.

livre noir

La démarche de ces historiens ne fut pas le cas général chez les historiens, ni chez les communistes : beaucoup préférèrent taire, oublier, minimiser, excuser ces faits devenus prouvés qu'ils avaient niés pendant des années.
Entre les faits historiques et leur idéologie, ils avaient choisi leur idéologie.

Certains se contentèrent d'un revers de la main de rejeter les cent millions de morts du communisme, priant les historiens de cacher cette « comptabilité macabre » qu'ils ne sauraient voir. D'autres, comme Perrault se contentèrent, sans avancer le moindre chiffre ou le moindre fait contradictoire, de s'en prendre à l'auteur avec insultes, dénigrement et allusions perfides. La plupart a préféré se taire, tournant la page sans la moindre repentance, évoquant d'un sourire gêné des « erreurs de jeunesse ». Aucun n'a tenté de reproduire le « on ne savait pas » formulé après la découverte des camps nazis, car là ils savaient et n'avaient pas voulu savoir. D'ailleurs, ils ne veulent toujours pas savoir.
Comment expliquer, après la découverte du plus grand génocide de tous les temps que des courants marxistes non seulement survivent, mais encore renaissent, et que l'idéologie marxiste soit encore dominante dans de nombreux secteurs et fort bien perçue dans la société ?

Nous touchons là au fond du problème de la désinformation : elle ne se contente pas de mentir sur les faits, elle vise à construire un système de pensée, une idéologie. Les faits démentis n'empêchent pas l'idéologie de subsister. Elle subsistera d'autant mieux qu'elle ne repose plus sur une construction de la pensée, mais sur une « image positive » touchant plus à l'affectif qu'au rationnel. En cela, il conviendrait mieux de parler d'aliénation, de conditionnement, d'automatisation que de pensée.
Si le bilan d'une extraordinaire précision effectué par ces historiens n'a pas permis à l'opinion publique de ranger le communisme là où il devrait être situé, c'est-à-dire dans les idéologies totalitaires et génocidaires au même titre que le nazisme, c'est que la rectification et la révélation des faits n'ont pas suffi à atteindre les consciences. Certes la médiatisation a été des plus réduites, mais les informations sont accessibles : mieux, les informations dérangent et supposeraient une remise en cause de fond dont bien peu sont capables.

Le bilan théorique du marxisme a subi le même sort : même chez ceux qui reconnaissent l'ampleur et l'atrocité des massacres communistes, les conséquences ne sont pas tirées sur la doctrine elle-même. Systématiquement les thèmes du dévoiement, de la perversion, des déviations, des trahisons seront avancés pour accréditer que de mauvaises applications liées à tel ou tel dirigeant, tel ou tel congrès, tel ou tel courant sont responsables seuls, sans que le dogme initial ne soit remis en cause. On pourrait, suivant le même procédé, voir d'anciens nazis expliquer qu'Hitler a commis des excès et a perverti l'idée de national-socialisme qui resterait néanmoins une excellente idée.

C'est d'ailleurs ce que font les trotskystes en attribuant tous les maux à Staline, sauvegardant ainsi un Trotski présenté en victime puisque perdant, malgré une théorie et une pratique tout aussi totalitaire et sanguinaire que son rival et camarade de parti. C'est ainsi que la jonction entre la révélation des faits et la prise de conscience de la criminalité de la théorie elle-même ne se fait pas.
« L'idée était généreuse et porteuse d'espoir, les intentions étaient bonnes, et les militants étaient persuadés lutter pour le bien de l'humanité », entend-on pour justifier l'impunité des crimes connus. Il est pourtant évident qu'une théorie se doit, pour obtenir le succès, de présenter des buts attirants. Le marxisme vendait la société sans classes et les lendemains qui chantent pour l'ensemble de l'humanité. L'ensemble de l'humanité, sauf les ennemis ou même les non partisans du communisme, serait sauvée, à condition d'en supprimer une partie.

Cette partie à supprimer, à la différence du national-socialisme, était, dans l'international-socialisme, non pas une race mais une classe. On découvrit vite que cette notion de classe était fort extensible et que bien des ouvriers, paysans, et leurs enfants avec se virent qualifiés d' « ennemis de classe », de « réactionnaires » et exterminés.Comment pensait-on que le nazisme s'était vendu en Allemagne ? Egalement en annonçant des lendemains qui chantent pour une partie de l'humanité en supprimant une autre partie de cette humanité. Les iconographies des deux totalitarismes sont d'ailleurs d'une similitude frappante tant quand elles représentent le bonheur à venir que quand elles dessinent l'ennemi, le Juif ou le bourgeois selon les cas, sous des traits hideux.

1943Reich  1972URSS
1943, Allemagne nazie et 1972, URSS, Pravda Ukraina

Rappelons qu'en Allemagne des années 1930, des sections entières du parti communiste rejoignirent le parti nazi, ce qui laisse imaginer la similitude des idéologies et des méthodes. L'ennemi politique principal était pour les deux, rappelons le, la social démocratie, et l'ennemi social principal était le ploutocrate ou bourgeois que les nationaux-socialistes eurent tôt fait d'assimiler au Juif. Les dénonciations du cosmopolitisme (visant les Juifs) par les autorités soviétiques, les procès des médecins juifs, les passeports avec mention du mot « juif » en URSS indiquent que l'antisémitisme se pratiquait à grande échelle dans l'Internationale communiste. L'URSS ne se priva d'ailleurs pas de livrer des Juifs communistes allemands à la Gestapo, après avoir hébergé les bases de l'aviation allemande en construction bien avant le pacte germano-soviétique. Les camps de concentration débutèrent en URSS et les allemands s'en inspirèrent et perfectionnèrent le rendement exterminatoire. Margaret Buber-Neumann connut les deux et livre des comparaisons que tous les idéologues préfèrent taire. Bref, les similitudes sont si nombreuses entre ces deux totalitarismes qu'il est difficile de comprendre les différences de traitement et d'image appliquées à l'un et à l'autre de ces deux courants du socialisme.

deportée Sibérie   déportée Ravensbruck

L'image mentale en est la cause première : le nazisme a été, après guerre, l'objet de toutes les attentions, et pas toujours de façon désintéressée. La plupart des résistants et combattants s'étaient contentés de lutter contre l'envahisseur allemand ; même si la folie d'Hitler et la barbarie de son régime et de ses armées étaient connues, c'est bien contre un pays, un axe, qu'on luttait et non contre une idéologie. Les justificatifs antinazis vinrent bien plus tard, après guerre. Le slogan des communistes quand ils entrèrent, tardivement, dans la résistance, n'était pas « à chacun son nazi », mais bien « à chacun son boche ». Bref la guerre contre l'invasion allemande se transforma a posteriori en « combat anti-nazi ». Le nazisme devenait l'incarnation du mal absolu et le méritait amplement, mais l'ampleur et les commanditaires des campagnes donnaient quelque idées des buts de l'opération. Certes, le « devoir de mémoire », les « plus jamais ça » et la réfutation des théories raciales hitlériennes étaient souvent formulés par de sincères humanistes, par des témoins et victimes de la barbarie des années antérieures. Pourtant, dès que certains révélèrent que le « plus jamais ça » existait encore dans l'enfer soviétique, on les fit taire. Les plus acharnés à les faire taire étaient souvent ceux qui attiraient toute l'attention contre « LE mal absolu ». Existerait-il une nouvelle forme de ce « mal absolu » sous d'autres appellations ?

Le « mal absolu » n'était qu'un et indivisible et c'était fort pratique. C'est ainsi qu'un autre totalitarisme parvint à se forger une nouvelle image positive, par simple opposition à ce mal absolu. (lire également, dans le dossier conditionnement "la nazification" )

Le mécanisme en était simple : le mal absolu est le nazisme, les communistes ont lutté contre le nazisme, donc lutter contre le mal absolu étant bien, le communisme ne peut être intrinsèquement mauvais. Quelques falsifications historiques vinrent effacer les années de sabotage de l'armée française avant-guerre par les communistes sur ordre de l'Internationale, les alliances germano-soviétiques bien antérieures au pacte, la désertion de Thorez, l'accueil fraternel aux soldats allemands sous couvert d'internationalisme jusqu'en 1941, le ralliement de dirigeants communistes à la collaboration active, la liquidation des prisonniers russes par l'armée rouge à la libération des camps, le massacre des officiers polonais par l'armée rouge, le recyclage des nazis est-allemands en communistes après guerre ; tout cela passa par pertes et profits. Staline avait vaincu Hitler, des communistes avaient rejoint la résistance, et c'est tout ce qui compterait.
L'aide du communisme à la victoire de l'Allemagne en France, au réarmement de l'Allemagne sur le sol soviétique devenait tabou.La situation en France ne permettait d'ailleurs pas de s'opposer aux communistes et le compromis fut accepté : il fallait éviter les affrontements et rester consensuels. Et garder « un ennemi principal commun » permettait de le faire, d'autant mieux qu'il était mort.

Ainsi, le communisme, auréolé de l'étiquette anti-nazie, s'était refait une nouvelle image de champion de la lutte contre le mal absolu. Quand on en a un autre à dissimuler, c'est assurément l'attitude la plus efficace. Et l'image est probablement la chose la plus dure à atteindre, les psychologues, les publicitaires et tous ceux qui travaillent sur le conditionnement le savent. C'est d'ailleurs l'essentiel à préserver pour les communistes : leurs réalisations et les faits révélés de génocides communistes ne leur permettent plus de vendre des lendemains qui chantent ; leur doctrine et leur « sens de l'histoire », démentis par l'histoire elle-même ne leur permettent plus une construction crédible de la pensée. Restent l'image, les automatismes créés, les sentiments d'appartenance à un camp, le vocabulaire, non plus une pensée, mais un système de pensée, c'est-à-dire une idéologie, une aliénation de la conscience humaine.

Gramsci insistait sur l'aspect culturel et propagandiste dans sa méthode de prise du pouvoir, et sa théorie se révèle plus durable que l'ancienne, marxiste traditionnelle, du grand soir de l'insurrection armée. Les Trotskystes ont apporté leur pierre à l'édifice par leur méthode de l'entrisme dans toutes les sphères dominantes de la société, des mutuelles aux syndicats jusqu'aux plus hauts niveaux de l'Etat. La presse et l'enseignement étant pratiquement sous monopole de courants marxistes ou proches, la diffusion de ce qui restait de la pensée marxiste, les images et automatismes à maintenir continueraient à survivre à une idéologie mortifère aux réalisations moribondes.Le site Marx Actuel, organisant le congrès le l'Internationale (IV) est d'ailleurs coproduit par l'université Parix X, et fournit une impressionnante liste d'intervenants à tous les plus hauts postes des universités, du CNRS et des IUFM. Parmi eux, bien sûr Daniel Bensaïd, mais aussi d'étranges féministes pro-voile comme Christine Delphy. Le congrès se déroule dans les locaux universitaires.
Comme l'écrivait Maurice Druon la France était aux ordres d'un cadavre. J'ajouterais que les mécanismes créés par un totalitarisme peuvent être aisément réactivés au service d'un autre : l'alliance islamo-gauchiste en est une illustration. L'intérêt de l'article analysé ci-dessous, celui de Perrault contre le Livre noir du communisme réside dans la méthode de réaction d'un idéologue pour défendre son idéologie face à des preuves accablantes.

Procédés d'idéologues

Modèle de méthode marxiste : dénigrement de l'auteur, discrédit sans fondement sur ses chiffres et sources, glissements sémantiques, victimisation du coupable, retournement des accusations, minimisation et parfois négation de faits historiques avérés, « confusions » de chiffrages, soutien sans le dire d'une contre-thèse par simple rejet sans argument de la thèse, avancée de concepts définis par simple négation d'autres concepts [le non-quelque chose] , l'utilisation démagogique de termes affectifs, la culpabilisation à outrance de l'ennemi, les analogies douteuses, l'utilisation de toute la terminologie communiste. Nous allons d'abord examiner le fond de l'article et ses raisonnements ou leurs absences, argument par argument, avant d'examiner au moyen des grilles existantes de désinformation les procédés utilisés par Perrault.

Gilles Perrault contre le Livre Noir du communisme

Dans le Monde Diplomatique de décembre 1997 [LIEN], Gilles Perrault récuse la « sinistre comptabilité », comme l'a fait Robert Hue et sa célèbre formule « comptabilité macabre ».
Ce ne sont pas les crimes qui seraient sinistres, mais leur comptabilité

L'auteur, d'emblée, qualifie d'une épithète non pas les crimes eux-mêmes, mais leur comptabilité. Le glissement sémantique rend sinistre , macabre non pas le communisme en actes, mais sa comptabilité. Ainsi, sans la moindre démonstration, d'emblée, on disqualifie les travaux, mais surtout on retourne l'accusation contre les auteurs. Les chiffres sont, en préambule, prétendus falsifiés et manipulés sans que Perrault n'en apporte la moindre donnée au cours de son article.
« D'autres ont fait pire » : la culpabilisation au service du dogme et du négationnisme

La relativisation : « les chiffres restent approximatifs » (connaît-on des massacres et génocides au chiffrage non approximatif ?) et… « D'autres ont fait plus de morts ».
Qui ? La France dans les guerres coloniales et au Rwanda. Perrault ne fournit aucune étude sérieuse sur la question, mais affirme. On constatera, dans les chiffres qu'il fournit, que les communistes ou leurs alliés sont exonérés de comptabilité de crimes commis pour « libérer »l'Algérie, l'Indochine, ou pour soutenir la République face aux rébellions (Sétif fut bombardé en 1945 sur ordre d'un ministre communiste). L'ensemble des morts est attribué à la France, même ses propres soldats ou civils tués, sans parler des massacres de masse qui suivirent les « libérations » en Indochine, Algérie, Cambodge.
Le but recherché, outre l'obsession anticoloniale française de Perrault, est de discréditer toute comptabilité pour atteindre par ricochet celle effectuée par Courtois sur le communisme.Nous verrons d'ailleurs que la conclusion de l'article pousse cette relativisation en expliquant que le capitalisme actuel, par ses diktats économiques, par les enfants qui meurent de malnutrition, est largement aussi meurtrier que le communisme. Il se gardera bien évidemment de définir ce système cause de tous nos maux, ni d'en présenter un autre…et pour cause.
La confusion vise à assimiler toute misère et toute mort liée à des phénomènes économiques à des génocides et crimes contre l'humanité organisés contre des populations au nom de motifs politiques comme ceux pratiqués par le communisme.

Effets d'une période ou application d'un système cohérent ? 

On notera aussi que les épisodes de guerres seraient considérés, à l'instar du communisme, comme issus directement d'un système. Or l'existence des colonies n'établit en rien un système, un « nouvel ordre mondial » reposant sur une idéologie comme ont pu l'être communisme et nazisme. Les colonies correspondaient à l'expansion économique et politique d'Etats développés, et utilisaient les justificatifs moraux (lire Jules Ferry sur « le devoir des peuples instruits à aider les races inférieures  ») en vigueur à l'époque. Il y a expansion et développement, donc croissance quantitative, mais non changement de nature politique du système existant en France avant l'existence de colonies.
Si la création du terme « colonialisme » visait à accréditer cette idée d'un système alors qu'il n'est autre que ce que Marx nomme fruit du capitalisme, et Lénine, impérialisme, et non un système en soi, on peut constater que, dans ce prétendu système, les exterminations n'étaient ni prônées ni recherchées par une idéologie quelconque, fût-elle celle chrétienne démocrate fustigée par Perrault. Elles n'étaient d'ailleurs pas dans l'intérêt des puissances coloniales.Cela fait toute la différence avec des systèmes, communisme, nazisme, aujourd'hui islamisme, justifiant théoriquement l'extermination d'une classe, d'une race, ou des « juifs, associateurs et mécréants », et dont c'est une des bases idéologiques.Le but des pays colonisateurs n'était pas l'extermination tandis que marxisme, nazisme et islamisme en font un impératif et le justifient théoriquement.Les massacres n'accompagnent pas le communisme, comme ils ont parfois accompagné le colonialisme, ils en sont l'application directe. Ils ne sont pas conjoncturels mais structurels.
Si l'argument de Perrault ne résiste pas à l'examen historique, il obtient néanmoins l'effet cherché : il retourne l'accusation et utilise l'arme de la culpabilisation dont communistes, puis tiers-mondistes, et aujourd'hui islamistes, font leur outil privilégié.

Conclusion : la « répression coloniale » interdit à tout Français (ici, Bayrou est sommé de se taire sur le communisme car ses ancêtres politiques des démocraties chrétiennes auraient fait pire dans cette « répression coloniale »), de juger le communisme et ses crimes.
L'utilisation actuelle du discours « anti-colonialiste » par les islamistes [LIEN] trouve son origine dans ce même raisonnement d'inspiration communiste.

1/ on nie ou relativise les crimes produits directement par une idéologie et son système
2/ on tente d'attribuer à un système, une idéologie des crimes commis par d'autres
3/ on désigne ces autres comme plus graves et ils seront perçus comme tels grâce l'arme de la culpabilisation

La négation des crimes de Mahomet, des massacres et exterminations et épurations ethniques et religieuses, qui accompagnèrent l'expansion islamiste s'accompagne d'un retour d'accusation contre la France coloniale accusée d'être responsable de tous les maux d'Afrique et d'ailleurs, et de tous temps. La grossièreté de la méthode va jusqu'à appeler aujourd'hui sur le sol français à …se libérer du colonialisme français, et à nommer « indigènes » ceux qui viennent d'ailleurs et non la population d'origine.Le voleur qui crie au voleur dans la rue pour envoyer la police à la poursuite d'un autre est une méthode que connaissent bien des délinquants, et quelques idéologues.

Les massacres et génocides : erreurs du communisme ou application directe ? 

Perrault, après quelques nouvelles épithètes dévalorisantes reproche à Stéphane Courtois de vouloir dire cela : « Le communisme porte en lui la terreur comme la nuée l'orage. C'est inscrit depuis toujours et à jamais dans son code génético-politique. » On comprend donc par ce détour ce que pense réellement Perrault : l'idéologie communiste, et le système communiste qui en découle, ne portent pas la terreur. Il ne le démontre pas : il utilise le procédé du [ non-quelque chose ], illustré par Orwell. Il se garde bien d'indiquer ce que porte le communisme, mais réfute ce qu'en dit (ou en dirait selon Perrault) Courtois.Il l'illustre, justifiant la déportation des allemands de la Volga en 1941 par « des considérations d'ordre stratégiques évidentes pouvaient lui donner au moins un début de justification à l'heure où le pays luttait pour sa survie », sans oublier bien sûr de détourner l'accusation vers d'autres, les Etats-Unis et l'internement des Japonais. On suppose que le massacre de Katyn bénéficiera de la même excuse d'ordre stratégique.

L'agresseur victime d'acharnement

« Tant d'acharnement obsessionnel déconcerte. Les raisons de s'horrifier ne sont-elles pas suffisantes ? » Là encore, la tirade de l'humaniste horrifié vise à détourner l'accusation : ce n'est pas le communisme qui s'est acharné à massacrer avec application des populations, c'est Courtois qui est accusé de s'acharner. «  L'agresseur devenu victime » est le fer de lance de toute propagande totalitaire et sévit encore de nos jours, certains courants expliquant qu'Israël et les USA étaient les coupables du 11 septembre et que les musulmans en étaient les victimes [LIEN] (Mrap et attentats du 11 septembre)

Génocides admis et génocides niés

« C'est que Stéphane Courtois a fixé à sa campagne une cible ambitieuse. Sachant que les crimes nazis, et notamment la tentative d'extermination des Juifs d'Europe, s'inscrivent dans la mémoire collective comme l'abomination absolue, il veut établir une analogie entre nazisme et communisme . Avec 25 millions de victimes pour l'un et une évaluation de 100 millions pour l'autre, la preuve serait apportée que le second est quatre fois plus criminel que le premier. Certes, les victimes ne se comparent pas. Juifs et Tsiganes furent assassinés en tant que tels. Citant les discours des bolcheviks, que la rhétorique révolutionnaire tenait à l'écart de la nuance, Stéphane Courtois doit bien admettre que, s'ils vouaient à la liquidation leurs ennemis bourgeois, koulaks, etc., c'était « en tant que classe ». Il introduit donc le concept d'un « génocide de classe  » qui serait l'exact équivalent du « génocide de race ». L'imposture intellectuelle sidère par son audace. Aux yeux des nazis, un Juif restait de sa conception à sa mort défini par sa judéité. »

Les comptes de Perrault

On pourra d'une part s'étonner des 25 millions indiqués par Perrault, chiffre englobant l'ensemble des morts de 1939 à 1945, de l'invasion de la Pologne jusqu'à Stalingrad et Hiroshima, cités pour aborder le terme « génocide ».D'autant que l'auteur précise « Certes, les victimes ne se comparent pas. Juifs et Tsiganes furent assassinés en tant que tels. » Il glisse ici la confusion entre le chiffre de l'ensemble des morts de la guerre et celui du génocide en camps de concentrations.Le génocide ne porte pas sur 25 millions de victimes, même si on peut considérer que ces 25 millions de victimes sont une conséquence de la guerre dont le nazisme porte la responsabilité. Le génocide est chiffré à six millions de personnes.
Pourquoi cette confusion de Perrault dans les chiffres, lui qui semble si critique des « chiffres approximatifs » des travaux du collectif d'historiens?
La raison est simple : dans un cas le communisme a tué 15 fois plus que le nazisme, dans l'autre « seulement » 4 fois plus. Le but de minimisation est évident.

Pas d'analogie entre nazisme et communisme ?

Là encore, Perrault reprend le procédé du [ non-quelque chose ]. Perrault plutôt que d'écrire « il n'y a pas d'analogie entre nazisme et communisme » en nie l'existence en écrivant que Courtois veut établir une analogie. Cette analogie n'est pas établie par Courtois, mais par de nombreux anciens communistes et victimes du communisme depuis des décennies : elle est simplement chiffrée et enrichie par Courtois, notamment grâce aux archives ouvertes après la chute du mur de Berlin. Il est d'autant plus honnête de la part de Courtois, ancien marxiste, de pousser de telles recherches, au lieu d'imiter la fuite et les pirouettes de nombreux ex communistes, dirigeants en tête, qui pratiquent le devoir de non-mémoire et invoquent la non-responsabilité.
Ils eurent la chance d'échapper à un Nuremberg du communisme, mais ne s'en tiennent pas là : ils revendiquent aujourd'hui encore cette idéologie sans la moindre gêne. En cela, certes il n'y a pas d'analogie dans le traitement réservé aux idéologies nazies et aux idéologues communistes. L'impunité est-elle synonyme d'innocence, et ce blanchiment démontre-t-il l'absence d'analogie entre ces deux totalitarismes ?

La notion de génocide, celle de crime contre l'humanité

Sur quoi repose le refus par Perrault de toute analogie entre ces deux systèmes idéologiques concentrationnaires et la négation du terme génocide pour le communisme ? On est juif ou tzigane de naissance et on le reste, tandis que l'on n'est plus bourgeois si l'on sort de la bourgeoisie. Donc, le génocide ne peut concerner qu'une race et non une classe, indique Perrault.

L'atténuation des crimes du communisme et le refus des causes par Perrault

Les famines circonstancielles du communisme :

« Stéphane Courtois écrit : « La mort de faim d'un enfant de koulak ukrainien délibérément acculé à la famine par le régime stalinien  » vaut «  la mort de faim d'un enfant juif du ghetto de Varsovie acculé à la famine par le régime nazi. » La comparaison ne vaut rien car l'enfant ukrainien survivant à une famine circonstancielle avait une vie devant lui, alors que l'enfant juif rescapé de la faim n'avait pour avenir que la chambre à gaz de Treblinka..»
Courtois et le collectif d'historiens démontrent précisément que cette famine n'avait rien de « circonstanciel » mais a bien été une arme d'extermination planifiée de population. L'ouvrage de Courtois en fournit les preuves et les copies des directives correspondantes en URSS, en 1932-1933, époque de la grande famine évaluée à plus de six millions de morts. ( Livre noir , p 187)
La Chine connut ces mêmes famines de masse par la suite.

D'ailleurs, comme l'indiquent Courtois et avant lui A. Blum, si la famine de 1921-1922 qui était, elle, «  circonstancielle  » a été reconnue par les autorités soviétiques (avec appel à l'aide internationale), celle de 1932-1933 fut toujours niée par le régime. Ce négationnisme fut considérablement aidé par les idéologues « progressistes » français vantant au même moment les réussites de l'agriculture. ainsi Edouard Herriot, voyageant en 1933 en Ukraine, évoque à son retour les « jardins potagers de kolkhozes admirablement irrigués et cultivés » et les « récoltes décidément admirables », avent de conclure : « j'ai traversé l'Ukraine. Eh bien ! Je vous affirme que je l'ai vue tel un jardin en plein rendement »

prospérité
grande prospérité

Les rapports des diplomates italiens en poste en URSS étaient pourtant très précis et ne sont soupçonnables de propagande puisque Mussolini ne les utilisa pas dans sa propagande anticommuniste.Cette famine est issue directement de la campagne de collecte dans la collectivisation forcée des campagnes. Les paysans n'avaient comme possibilité de survie que de tenter de faire échapper aux saisies de l'Etat, au plan irréaliste, une portion de leurs récoltes pour les semences, le bétail et pour se nourrir. Une véritable guerre fut déclarée à la paysannerie . Le 7 août 1932, une loi prévoyait dix années de camp ou la peine de mort pour ces « vols ». Elle fut surnommée « loi des épis » car les personnes le plus souvent condamnées avaient volé quelques épis de blé ou de seigle dans les champs kolkhoziens. D'août 1932 à décembre 1933, plus de 125 000 personnes furent condamnées, dont 5400 à la peine capitale.

Peut-on « sortir de la bourgeoisie » pour ne pas être exterminé ?

Ces « bourgeois » (terme utilisé contre les koulaks, c'est-à-dire des paysans) qui ne l'étaient plus, et leurs enfants, puisque selon Perrault « Un bourgeois dépouillé de ses biens sort de la bourgeoisie », en sont morts tout de même : malgré la dépossession jusqu'à la famine, ils furent tués comme « ennemis de classe ». Ils étaient bien sortis de la bourgeoisie , comme écrit Perrault, mais par la mort. Dépouillés de leurs biens , vie incluse.
Malgré des arrestations et déportations de masse, des exécutions, l'Etat socialiste ne parvint à gagner la guerre engagée contre la paysannerie : « l'ennemi » est dispersé et il faut le chercher maison par maison, village par village, s'épuiser en minuscules opérations, vérifications, traques, sur un territoire immense. « Aussi, pour vaincre « l'ennemi » ne restait-il qu'une seule solution : « l'affamer » » (Livre noir p.191)

Informés de la famine en cours et malgré les demandes, par certains hauts responsables pourtant endurcis, de réduction du plan de collecte qui la causait, Staline et Molotov s'y refusèrent et durcirent encore leur position.Les kolkhozes qui n'avaient pas fourni la totalité exigée se virent confisquer jusqu'au grain réservé aux semences. Les régions agricoles les plus riches connurent ainsi une famine que seul Perrault ose qualifier de circonstancielle. L'exode vers les villes qui s'ensuivit fut arrêté par l'institution du passeport intérieur, en décembre 1932 dans le but de « liquider le parasitisme social » et « de combattre l'infiltration des éléments koulaks dans les villes ». Une circulaire de Staline et Molotov ordonnait aux autorités locales et à la Gépéou d'interdire « par tous les moyens les départs massifs des paysans d'Ukraine et du Caucase du Nord vers les villes ».
Barrages, contrôles, reconduites au lieu de résidence ou arrestation équivalent dans ce cas à condamnation à mort par famine. Des cas de cannibalisme sont signalés, tant dans les rapports de la Gépéou que dans ceux des diplomates italiens en poste à Kharkov (Livre noir p. 193).

Cette famine prétendue circonstancielle par Perrault n'empêche nullement les autorités soviétiques d'exporter à l'étranger dix-huit millions de quintaux de blé pour « les besoins de l'industrialisation » L'argument de famine circonstancielle invoqué par Perrault pourrait être expliqué par l'ignorance, mais sa négation de génocide de classe au prétexte qu'on peut changer de classe et n'être plus bourgeois après avoir été dépossédé de ses biens est d'un cynisme effrayant.Quand les koulaks ou leurs enfants sont interdits d'accès en ville, ils fuient déjà la famine et sont donc déjà dépossédés de tous leurs biens. Ils n'en sont pas moins exterminés par les autorités soviétiques.

koulak
le koulak cupide à abattre

La Chine et le Cambodge reproduiront ces mêmes atrocités suivant le même schéma : extermination de la bourgeoisie en tant que classe. Et il en faut souvent peu pour être déclaré bourgeois, même une fois « dépouillé de ses biens » malgré ce que prétend Perrault. Au Cambodge, il suffira d'avoir des lunettes, en Chine d'être dans la mauvaise tendance du parti. Les exterminations d'opposants et de populations entières se font après leur dépossession quand, selon la phraséologie de Perrault, ils ne seraient donc plus des bourgeois. Un enfant de Koulak, même dépouillé de tous ses biens, n'avait pas plus de chance de survie qu'un enfant juif du ghetto de Varsovie. L'un ne pouvait échapper à sa judéité, dit fort justement Perrault, mais l'autre non plus ne pouvait échapper à sa koulakité qui se maintenait même après dépossession et donc « changement de classe ».
Six millions de morts, quatre en Ukraine, un dans le Caucase, un au Kazakhstan sont là pour le prouver à ceux pour qui le « devoir de non-mémoire » semble idéologiquement préférable.

Erreurs, morts circonstancielles, ou crimes contre l'humanité et génocide ?

Les débats et les déclarations au tribunal de Nuremberg pour définir les crimes contre l'humanité insistent bien sur une caractéristique majeure : le fait que la puissance de l'Etat soit mise au service d'une politique et d'une pratique criminelle (Livre noir p.11). Le nouveau code pénal français, 23 juillet 1992, définit ainsi le crime contre l'humanité :
« La déportation, la réduction en esclavage ou la pratique massive et systématique d'exécutions sommaires, d'enlèvements de personnes suivis de leur disparition, de la torture ou d'actes inhumains, inspirées par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux, et organisés en exécution d'un plan concerté à l'encontre d'un groupe de population civile ».
Perrault cite cet article en début de texte pour tenter d'aligner crimes du colonialisme (français bien sûr) et crimes du communisme, mais le tronque, en enlevant l'essentiel : « inspirées par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux, et organisés en exécution d'un plan concerté à l'encontre d'un groupe de population civile ».

On appréciera la méthode de dissimulation qui lui permet la comparaison douteuse pour minimiser l'univers concentrationnaire communiste et détourner l'accusation vers une autre cible qu'il affectionne : le « colonialisme français ». Si l'on ajoute la part amputée par Perrault, la chose n'a plus de sens, et son argument tombe à plat. En bon idéologue, Perrault fait avec le texte de la définition comme il le fait avec les faits historiques : quand ça gêne l'idéologie, on enlève ! Etrangement, l'article de Perrault s'indigne du terme de génocide, en se gardant bien de le définir, et en exclut toutes les populations massacrées au nom du communisme, mais n'utilise pas pour autant la notion de crime contre l'humanité : mieux il la falsifie en amputant la définition.

Perversion de l'idéologie ou simple application ?

Le bilan terrifiant n'est pas celui de l'idéal communiste, il est celui de « la perversion de l'idéal communiste ». Le dogme est sauvé et ne doit pas être remis en cause. Les faits sont à peine reconnus, minimisés, excusés par des « circonstances », par l'hostilité internationale, par la jeunesse (« la jeune révolution bolchevique » Perrault ) alors qu'ils ont été niés pendant des décennies et Perrault se refuse à voir un lien entre les crimes et l'idéologie qui les a produits.
C'est la définition même d'un idéologue : personne capable de nier ou transformer les faits afin de les rendre acceptables, conformes à son système de pensée, à son idéologie. Quant cette possibilité est mise en échec par la démonstration publique des faits, et l'impossibilité de continuer à les nier, l'idéologue va tout simplement nier le lien entre l'idéologie et ses mises en pratique. Les épisodes de dénonciation d'erreurs, déviations, perversions, dégénérescence, trahisons, attribués à des courants ou des personnages ne manquent pas dans l'histoire du marxisme : c'est est même une constante. Toutes les applications du marxisme ont produit les mêmes résultats, mais le marxisme ne saurait être remis en cause.

Idéal perverti ou non, les atrocités indiquées dans la définition des crimes contre l'humanité ont bien été « inspirées par des motifs politiques et organisés en l'exécution d'un plan concerté à l'encontre d'un groupe de population civile ». Il s'agit bien de crimes contre l'humanité selon la définition du code pénal, et Perrault n'en souffle mot mais se contente de détacher les motifs politiques qui les ont inspiré des atrocités. En fait ce n'est pas le communisme qui serait responsable, mais sa perversion. Trouve-t-on des exemples de pays communistes non atteint par cette « perversion » ou est-elle la règle générale du communisme ?

Nazisme et communisme ? Qui les compare est nécessairement nazi ?

« Dans son acharnement à tordre les faits, Stéphane Courtois va jusqu'à enrôler le responsable SS Rudolf Hess, selon lequel sa hiérarchie lui aurait fait parvenir une documentation pédagogique sur les camps soviétiques. Mais Rudolf Hess allait créer un camp sans précédent, ni équivalent - Auschwitz - qu'aucun être sensé se songerait à comparer aux pires établissements du Goulag. Quoi qu'ils en aient, Stéphane Courtois et ses semblables buteront toujours sur l'irréductible singularité de la Shoah. » Ce paragraphe de Perrault est instructif en méthode. Les procès staliniens ou castristes utilisent sensiblement les mêmes réquisitoires :

1/ Récuser l'auteur et non le contenu des travaux

Il accuse Courtois de tordre les faits mais n'en « détord » aucun. Or Courtois a fait un travail minutieux, vérifié ses sources, a consulté de nombreux historiens et obtenu leur collaboration, fouillé des archives jusqu'à Moscou. Et Perrault se contente de le qualifier de menteur sans avoir effectué la moindre recherche et sans être capable de fournir un seul exemple de fait « tordu » par Courtois. L'insulte, l'anathème, l'accusation de mensonge révèlent bien le procédé de l'idéologue incapable de nier les faits et pris la main dans le sac.
La documentation sur le fonctionnement et l'architecture des camps soviétiques a servi de modèle aux camps allemands. Courtois le soutient et amène des éléments cohérents. Perrault glisse sur la question, se gardant bien d'infirmer ou de confirmer, se contentant de formules de dénigrement à l'égard de l'auteur « acharnement à tordre les faits », « va jusqu'à » (pour évoquer une exagération), « enrôler » (ironie pour tenter de discréditer). On ne répond pas sur les faits…on attaque l'auteur. Soljenitsyne, Kravchenko, Rousset et bien d'autres eurent droit à de tels traitements par insulte et dénigrement. La méthode est encore en vigueur (voir le Mrap contre Del Valle). [ LIEN]

2/ Discréditer l'auteur

On ne peut comparer les camps de Lénine, Trotski, Staline et ceux de Rudolf Hess, affirme Perrault. Pourquoi ? Parce qu' « aucun être sensé n'y songerait » nous affirme l'auteur. Hélas pour lui, tous ceux qui ont connu les deux systèmes de camp ont fait la comparaison quand ils ont pu témoigner. Ainsi Margaret Buber-Neumann épouse du dirigeant communiste allemand Hans Neumann, disparu dans les geôles soviétiques après s'être réfugié à Moscou, décrit avec grande minutie les deux. Elle fut, comme la plupart des communistes étrangers réfugiés en URSS, déportée en Sibérie, avant d'être remise par l'URSS, avec cent cinquante autres allemands dont bon nombre de juifs, à la Gestapo, et immédiatement déportée en camp allemand. Ses deux ouvrages bénéficient d'un étrange silence des intellectuels et médias, comme tous les dissidents rescapés du goulag ayant tenté de s'exprimer en France. « Ça n'intéressera pas » disait-on à Jacques Rossi de ces récits de quinze années de camps soviétiques, pour refuser de l'éditer. Si, pour l'Humanité,  Soljenitsyne n'existait pas et était une invention de la CIA; Kravchenko en était l'agent et David Rousset, un traître.

Aujourd'hui Courtois se voir appliquer les mêmes méthodes, accusé par Perrault de falsification , de manipulation, d' instrumentalisation propagandiste, d 'acharnement à tordre les faits, de buter sur le caractère particulier de la Shoah, (lui et ses semblables qui buteront toujours…) allusion d'une rare perfidie à des supposés semblables qui « buteront toujours sur le caractère particulier de la Shoah », de faire « de l'agit prop des années 30 » (sous-entendu fasciste), d 'affectionner le spectaculaire( et c'est Perrault qui ose reprocher cela à Courtois mille fois moins médiatisé que lui, malgré des travaux d'une autre valeur et importance!)

Perrault continue la longue lignée du négationnisme, succédant à ceux qui expliquaient jadis dans l'Humanité qu'il n'y avait pas de camps de concentration en Sibérie, puisqu'il n'y avait pas de barbelés. Jacques Rossi explique avec humour que les centaines de kilomètres carrés de steppe gelée rendaient cette dépense superflue. Face au cynisme et au mensonge, c'était la meilleure réponse. Perrault, ici, place Margaret Buber-Neumann dans la catégorie des « insensés » et juge Courtois, bien pire encore.

3/ Salir l'auteur et lui prêter appartenance et intentions

«  Stéphane Courtois et ses semblables buteront toujours sur l'irréductible singularité de la Shoah.» Après avoir nié les faits avancés par Courtois sans la moindre explication, procédé à deux ou trois dénigrements, Perrault lâche le réquisitoire final particulièrement insidieux et indigne : Courtois « et ses semblables » ne peuvent comprendre la Shoah. Qui sont « ses semblables » ? On sème le doute et on tente de salir sans se mouiller, comme à la grande époque du parti. En outre ils ne butent pas seulement : « ils buteront toujours ». Qui a buté butera ! Le procès d'intention est net : Perrault insinue sans démontrer, attribue à Courtois une incapacité à comprendre ou pire, à accepter, la singularité de la Shoah et avance que « lui et ses semblables » ( ?), donc un groupe, sont sans doute sous la coupe d'une idéologie constituée (laquelle ?) qui fera qu'ils « buteront toujours ». L'insinuation est ignoble.

En quoi la négation des crimes et génocides inspirés par les motifs politiques communistes et planifiés, qu'effectue Perrault aide-t-elle à comprendre la Shoah ? Quelle est cette méthode douteuse et démagogique utilisant une tragédie pour en nier une autre ?

Le communisme "pas si mal que ça", et de nombreuses circonstances atténuantes

Limiter l'histoire de l'URSS à celle de la terreur est aussi réducteur, toutes proportions gardées, qu'une histoire de la IVe République qui ne traiterait que de ses turpitudes coloniales en négligeant le fait que ce malheureux régime sut par ailleurs ragaillardir et lancer sur la voie de la prospérité une France épuisée par la guerre et l'occupation. » L'obsession de Perrault contre le « colonialisme français » revient, après l'avoir déjà étalée en tête d'article, avec une citation tronquée de la définition des crimes contre l'humanité pour tenter, par comparaison de minimiser puis d'excuser les massacres communistes.
Existait-il sous la IV e République un plan pour exterminer une classe ou une race, en application de motifs politiques, raciaux ou religieux ? A-t-on vu des exterminations de masse de populations civiles par famine organisée, déportations et massacres de masse ?
Perrault qui refuse la comparaison entre communisme et nazisme, malgré la supériorité numérique communiste en nombre de morts, se permet la comparaison entre la vie dans les colonies française et le goulag et ses dizaines de millions de morts par planification.
Du coup, il va tenter le compromis : « tout cela n'est pas si grave que cela, donc on minimise le tout ». Ainsi après avoir accusée la France de crimes contre l'humanité dans les colonies, à l'aide d'une citation tronquée de sa définition, puis l'avoir décrite ainsi « la France se place dans le peloton de tête des pays massacreurs de la seconde partie du siècle. », voici soudain qu'en bas d'article il ne s'agit plus que de « turpitudes » d'un régime qui, finalement avait du bon.La comparaison, puis l'atténuation ont ici pour but de minimiser par glissements successifs discrets l'accusation portée et démontrée par les historiens contre les crimes du communisme.

« Que la société soviétique ait été cette société violentée et martyrisée qu'il décrit avec minutie, personne n'en doute. Mais elle ne fut pas que cela, car ni le travail forcé au Goulag, d'un rendement économique plus que médiocre, ni la coercition exercée sur les esprits ne peuvent rendre compte d'une dynamique qui transforma effectivement le pays. » Perrault parle de « société violente » quand les faits démontrent des massacres, tortures, déportations de masse contre des populations entières, comme on parlerait d « incivilités » pour décrire un serial-killer. Ce n'est pas une « société violente », c'est une société qui n'existe que par la violence et ne se maintient que par elle ! C'est bien un système et non, comme la famine organisée à des fins d'extermination, un épisode « circonstanciel » du communisme.
Les termes « crimes », « dictatures », « déportation », « tortures », « exterminations » sont absents de cet article. Perrault ne parle pas de camps, mais « d'établissements du goulag ».

Quant au rendement économique du Goulag, qu'il qualifie de médiocre , Perrault ne s'interroge pas davantage sur les buts du goulag : pas plus que dans les camps nazis la rentabilité n'était la priorité. Le contrôle, la terreur et l'extermination étaient les objectifs de ces systèmes concentrationnaires et ils avaient en ce domaine un excellent rendement. Perrault explique ensuite que le communisme ne devait pas être si terrible que ça puisque certains, même à l'Est continuaient à s'en réclamer. L'argument est tellement plausible qu'il pourrait tout aussi bien être utilisé pour justifier le nazisme : il a encore des adeptes ! Le communisme a, en outre bénéficié d'une impunité totale, d'une absence presque totale de publication de ses crimes, et d'une bienveillance particulière envers son idéologie. Comment dès lors s'étonner qu'il ait encore des adeptes ? Certains auteurs, en écrivant, illustrent encore que les méthodes du communisme, et ses procédés argumentaires existent toujours.

jacques rossi
dessin de Jacques Rossi : producteur du goulag

Encore la faute des autres : « l'interventionnisme étranger »

Après avoir dénigré l'auteur, exonéré, par une amputation de la définition, le communisme de crimes contre l'humanité, minimisé les crimes du communisme par comparaisons douteuses entre le goulag et les colonies françaises, trouvé « circonstancielle » une famine organisée à des fins d'extermination, nié le lien entre une idéologie et ses fruits, Perrault a tout de même reconnu du bout des lèvres une « société violente » et un « bilan terrifiant des victimes accumulées », d'éventuels chapitres noirs , des « famines circonstancielles », et des établissements du goulag au rendement économique médiocre , bref des mauvaises applications par « perversion de l'idéal », mais, rappelle-t-il, il ne faut pas oublier l'adversaire. Perrault a déjà nié les responsabilités du communisme, si en plus il parvenait à trouver une autre coupable, ce serait encore mieux !

« Pourquoi Nicolas Werth s'abstient-il d'évoquer l'interventionnisme étranger acharné à juguler la jeune révolution bolchevique ? », suivi d'autres explications des menées US contre le communisme à Cuba, au Nicaragua. L'anticommunisme serait donc responsable des crimes du communisme, qui, toutefois, n'existeraient pas ?

etranger

Quant à l'acharnement invoqué, il s'accompagne également de certains soutiens actifs sans lesquels ce que Perrault nomme « la jeune révolution bolchevique » n'aurait jamais vu le jour : l'Allemagne a organisé et financé le retour de Lénine de Suisse en Russie, et le PCF a organisé mutineries et sabotages au sein de l'armée française (André Marty et les mutins de la mer Noire). L'Allemagne, en pleine guerre de 1914-1918, apparaît bien comme le principal commanditaire et bénéficiaire de l'opération. Donc cet « interventionnisme étranger » semble fort contre balancé. Cette liaison germano –soviétique persistera, puisque l'aviation allemande se construira ensuite sur le sol ukrainien, pour préparer l'invasion de l'Europe, bien avant que le pacte ne vienne sceller cette alliance.L'argument de Perrault, contre « l'interventionnisme étranger » est exactement celui qu'utilisaient les communistes pour justifier la construction du mur de Berlin, et la fermeture totale de leurs frontières. En revanche cette dénonciation de « l'interventionnisme étranger » ne s'étend pas jusqu'à percevoir que c'est Kroutchev en 1961 qui fait construire le mur de Berlin : ainsi l'intervention de l'URSS dans toute l'Europe de l'Est ne sera jamais reconnue par les communistes comme « interventionnisme étranger » mais comme « défense contre l'interventionnisme étranger ».
Un site vantant encore aujourd'hui les mérites du mur développe ces mêmes arguments.http://www.guillotine.net/BerlinWall/fra_byg.htm

L'idée du communisme est généreuse, c'est donc l'essentiel

« Même le bilan terrifiant des victimes accumulées par la perversion de l'idéal communiste ne parvient pas à abolir l'espoir dont il fut porteur à travers le monde »
« Autre absent : le facteur humain. Faut-il redire après tant d'autres que les militants communistes adhéraient à un projet qui se voulait universel et libérateur ? Que cet idéal ait été dévoyé ne retire rien à leurs motivations. Elles suffiraient à elles seules à les différencier de leurs adversaires nazis dont le programme affiché consistait à soumettre à une « race » déclarée supérieure des peuples tenus pour inférieurs et condamnés à l'asservissement quand ils n'étaient pas voués à l'extermination. Un nazisme acceptable pour l'humanité n'est pas concevable : il y a contradiction dans les termes. » écrit Perrault.
« Les uns supprimaient une race afin de faire le bonheur d'une autre, les autres supprimaient une classe (au contenu fort élastique) pour faire le bonheur de l'humanité » disait Jacques Rossi.

Du rôle objectif à la croyance 

Il apparaît déjà ici une justification du marxisme par sa propre négation : en effet, le marxisme repose sur le fait qu'existent des idées justes (celles qui vont dans le sens de l'histoire selon Marx, vite démenti par la réalité) et des idées fausses (celles qui s'y opposent). Le matérialisme est censé ne reposer que sur les conditions objectives, les rôles objectifs et les résultats, rejetant tout autre fonctionnement dans la catégorie méprisable opposée : l'idéalisme. L'intention, la générosité, les bons sentiments, les motivations étaient à bannir de l'arsenal du marxisme et suffisaient à faire exclure du parti.
Et voici que la défense du communisme aujourd'hui se résume à : « Les faits ne comptent pas, puisque l'idée de départ était bonne, les militants dévoués et pleins d'espoir » et l'on nous parle soudain de « l'idéal communiste » quand les historiens commencent un bilan très matérialiste des faits objectifs.

Est-ce parce que la plupart des historiens ont été, en France, formés par le marxisme, et se tiennent à cette méthode d'analyse que le communisme se refuse aujourd'hui de l'appliquer à lui-même ? Alors que le communisme a tué en masse précisément ceux qui, indépendamment des évocations lyriques de Perrault sur l'espoir et les bons sentiments, n'étaient pas en conformité avec « les intérêts objectifs du prolétariat ». Niant ou rejetant leur bilan, les communistes rejettent donc aussi les bases de leur méthode de raisonnement. Que reste-t-il donc du communisme ?Les actuels communistes, toutes tendances confondues, hormis quelques pièces du musée bolchevique, ne se définissent plus par la définition d'une société à construire selon le modèle défini par Marx. Ils se sont refusés à en faire le bilan historique et encore moins idéologique, se contentant des arguments proches de ceux que livre Perrault « l'idée est bonne, il y a eu perversion, ou déviation, ou erreur ». En gros : « ça ne fonctionne pas, donc continuons » et « cent millions de mots ? Cessez de nous importuner avec cette comptabilité macabre ». Un détail de l'Histoire en quelque sorte, dû à « la faute à pas de chance » et aux interventions étrangères, et peut être à quelques dirigeants probablement pas assez bons communistes.

De la désinformation à la désintégration de la pensée

Faute de bilan, le communisme et ses procédés continuent à régner sur la pensée des pays qui eurent à le subir sans qu'il ne soit au pouvoir. Il ne se définit plus aujourd'hui que par la négative, sans but précis de société si ce n'est celui de détruire celle qui a survécu à la sienne, défunte. Il n'en garde pas moins son influence et sa capacité de destruction, et une orientation qui, dépossédée de ses bases théoriques, ne s'affirme plus que par la méthode et le manichéisme. La lutte des classes a été remplacée par la lutte du tiers-monde contre les pays développés, et une sorte de « lutte des races », où le bien et le mal attribués en fonction, non plus de l'appartenance de classe mais de l'appartenance ethnique, risquent fort de reprendre le chemin utilisé par la variante du socialisme qu'a été le national-socialisme.

L'antisémitisme et le racisme antioccidental et antiblanc développés par les islamistes étaient sûrs de trouver des alliés parmi les tiers-mondistes issus du marxisme ou sous son influence, selon le traditionnel « les ennemis de mes ennemis sont mes amis »

D'ailleurs, dépouillé de tout modèle de société par son échec, contredit dans toutes ses théories par le déroulement historique, honteux de ses réalisations meurtrières au point de les nier ou de les dissimuler, le communisme n'est plus un espoir, ni un modèle, pas davantage une théorie plausible : il n'est plus qu'une croyance, une idéologie. En cela l'alliance de communistes avec une religion qui est également une idéologie et un système politique, et construit un nouveau totalitarisme au nom des opprimés, l'islam, avait toutes les chances de se produire. Et la lutte contre les croyances et l'affectif ne peut hélas se limiter à l'examen des faits et des mensonges : elle n'est plus de l'ordre du rationnel mais de la croyance et de l'idéologie.
La désinformation ne se limite pas à la négation ou au travestissement des faits : elle atteint les structures supérieures du cerveau et les déconnecte pour les remplacer par des automatismes binaires sis dans les zones inférieures du cerveau, quand ce n'est dans la moelle épinière.

Ce n'est plus une pensée mais un système reposant sur des mécanismes et automatismes non formulés. L'article de Perrault en est une illustration intéressante car il tente de justifier, par des mécanismes théoriques et des méthodes hérités du marxisme, son oukase ou sa fatwa contre le remarquable travail historique effectué par des historiens, souvent ex-marxistes qui ont eu le courage, l'énergie et l'honnêteté intellectuelle d'entreprendre le bilan du communisme.
Cela se nomme la conscience et le terme peut être aussi religieux que politique.« Science sans conscience n'est que ruine de l'âme » et certains sont, à les lire, dépourvus des deux.

L'idéologie s'en passe fort bien et nous le démontre encore, au mépris de cent millions de morts impunis constituant le plus grand génocide de l'histoire de l'humanité, toutes périodes confondues. Perrault n'en a récusé aucun chiffre, il récuse l'ensemble et l'auteur par insultes et anathèmes. Dieu merci, nous ne sommes pas en ex-URSS, il n'est pas chargé des tribunaux, ni commissaire du peuple préposé aux déportations : un tel réquisitoire était amplement suffisant à expédier quiconque en camp avec sa famille et ses amis.

La chose est différente en France : la diabolisation, le refus d'accès aux médias, les calomnies diverses provoquent l'isolement médiatique et l'étouffement de la pensée, mais pas la mort.A moins qu'un nouveau totalitarisme de relève n'offre à Perrault le pouvoir de désigner aux bourreaux ceux qu'il aura condamnés et listés. Sait-on jamais ?

De telles réactions au Livre Noir du communisme illustrent cette phrase d' Alexandre Soljenitsyne "le plus grand malheur que le Communisme apporte au monde, ce n'est pas la dictature policière ou la faillite économique. Le plus grand malheur que le Communisme apporte au monde, c'est le mensonge."

Notes sur Perrault :

A la différence de la méthode marxiste utilisée par Perrault, le contenu et la méthode de son réquisitoire contre Courtois ont été analysés. Le procédé argumentaire, ou son absence, est plus important que la personne qui n'est qu'un élément de l'idéologie en vigueur, un des porte-parole du prêt-à-penser.Il aurait été aisé de procéder comme il l'a fait contre Courtois, par insinuations, insultes et dénigrement, rejet sans analyse ni contradiction argumentée des éléments du Livre noir, et de se contenter de dénigrer l'auteur.

La chose aurait été d'autant plus facile que, si Courtois a un passé sans ombre, des épisodes de l'existence de Perrault sont fort controversés. Ainsi le GTT, groupe de travail sur la Tunisie dont il est membre est fréquemment cité pour ses accointances avec les réseaux négationnistes installés à Tunis. Les liens avec les négationnistes vont au-delà puisque Perrault a préfacé un ouvrage d'Ahmed Manaï. Etrangement, Perrault axe sa lutte contre le Maroc et la Tunisie, avec fracas et hypermédiatisation, se gardant bien de s'en prendre aux régimes islamistes et aux courants terroristes qu'ils financent. Passé comme Carlos, Aounit, Garaudy et bien d'autres du marxisme à l'islamisme, Perrault utilise sa médiatisation pour jouer le rôle de maître censeur. Elisabeth Lévy le classe d'ailleurs parmi les « éradicateurs », ceux qui rejettent et condamnent les opinions sans apporter le moindre argument. Dans la droite ligne des anciens commissaires du peuple à la pensée marxiste, le personnage pourrait fort bien exercer un rôle répressif contre toute opposition à l'islamisme par les mêmes procédés et réquisitoires

 

L'article de Perrault examiné par les grilles de désinformation :

Seule la désinformation concernant le livre de Courtois sera traitée ici, sans reprendre les points concernant l'histoire du communisme abordés plus haut. Ce n'est donc pas la propagande pour le communisme qui nous intéressera en priorité, mais bien la désinformation.
Par la grille du docteur Spin :

1/ l'accusation d'atrocités : ici la méthode est un peu plus complexe car Perrault ne peut accuser Courtois d'atrocités. En outre, c'est bien le communisme qui est accusé d'atrocités.Le tour de passe-passe sera le suivant, pour parvenir à « c'est celui qui dit qui y est » : si Courtois compare les crimes du communisme à ceux du nazisme, c'est qu'il tente de minimiser ceux du nazisme, et donc qu'il « bute, lui et ses semblables, sur le caractère particulier de la Shoah ». L'allusion est suffisamment perfide pour que l'on en déduise que Courtois est proche des révisionnistes.L'auteur aura au passage tenté de blanchir les atrocités du communisme, en refusant leur chiffrage et les caractéristiques de crime contre l'humanité. Dans le même esprit un détour vers « les crimes du colonialisme français », la démocratie chrétienne et Bayrou, afin, par comparaison douteuse de minimiser les atrocités du communisme, et d'en désigner d'autres.

2/ Le gonflement hyperbolique des enjeux : le communisme est présenté comme l'antithèse du nazisme, alors qu'il s'agit de deux façades du même totalitarisme. Il faut sauver le soldat Staline puisqu'il est le vainqueur de la IIe guerre mondiale. Aurait-elle eu lieu et de la même façon, sans le communisme ? La question n'est pas abordée. Et le communisme est porteur des espoirs de l'humanité. Il faut comprendre ici que sans les principes érigés par Marx, le monde serait désespéré.

3/ Diabolisation ou déshumanisation de l'adversaire : le communisme c'était l'espoir, l'humanité, et ses adversaires y sont donc opposés. Ils falsifient, sont stupides, constituent un groupe occulte « lui et ses semblables », et, (cf 1) bute sur la particularité de la shoah.

4/ Polarisation : dénoncer les crimes du communisme revient ici à soutenir « les atrocités capitalisme », le colonialisme, voire le nazisme. Perrault s'est empressé de pondre par la suite un « livre noir du capitalisme »

5/ Puisque l'histoire et les peuples du monde n'ont pas voulu du communisme, voici tous les malheurs qui leur arrivent dans le « livre noir du capitalisme ».

6/ Métapropagande. Perraut nous indique que Courtois ment, falsifie, truque les chiffres, qu'il fait de la « manipulation propagandiste ». Courtois n'en faisait probablement pas tant qu'il était communiste, mais à présent qu'il effectue un travail d'historien sans complaisance, il fait de la propagande. On cherchera en vain les « falsifications » de Courtois et leur démonstration par Perrault, afin de percevoir s'il s'agit de propagande et dans quel but.

Perrault nie « en bloc » ( !) comme Georges Marchais expliquait que les bordereaux de versements bancaires du KGB au PCF, issus des archives après la chute du mur, étaient des faux : c'était, disait-il, de la propagande.

 

Voir bibliographie  

Voir l'article de Perrault  

Autres réactions au Livre Noir :
point de vue d'un anarchiste sur "nazisme et stalinisme" (pour le site No Pasaran)
le site du ministère des Affaires étrangères
la fédération anarchiste
un communiste belge (site résistances.be)
un site de gauche français (les gens du village)
l'Humanité, courrier des lecteurs
Daniel Bensaid, LCR
L'Express 06/11/1997 Le bilan des crimes communistes, par Eric Conan
socialocommunisme-vérité

 

 

Jacques Rossi
- Le Manuel du Goulag Editions le Cherche-Midi,
- Qu'elle était belle cette utopie  ! Editions le Cherche-Midi, 2000, 234 p
- Jacques le Français . Pour mémoire de goulag, Jacques Rossi et Michèle Sarde.Editions le Cherche Midi
Margaret Buber-Neumann
Prisionnière de Staline et de Hitler T1 – Déportée en Sibérie, Seuil 01/01/1949, difficile à trouver
- Déportée à Ravensbruck Ed Seuil, POINTS n°73 réédition du 01/04/1995

A. Graziani « Lettres de Kharkov. La famine en Ukraine et dans le Caucase du Nord à travers les rapports des diplomates italiens, 1932-1934  » Cahiers du Monde russe et soviétique, XXX (1-2), janvier-juin 1989, p5-106.
M..Lewin La formation du système soviétique, Paris, Gallimard, 1987, p206-237
 A. Blum, Naître, vivre et mourir en URSS, 1917-1991 , Paris, Plon, 1994, p 99
F. Kupferman, Au pays des Soviets. Le Voyage français en Union soviétique, 1917-1939 , Paris, Gallimard, 1979, p.88

Le livre noir du communisme, crimes, terreur, répression, Stéphane Courtois, Nicolas Werth, Jean-Louis Panné, Andrzej Paczkowski, Karel Bartosek, Jean-Louis Margolin